Le pape argentin et presque tous les patriarches orthodoxes et catholiques des Églises du Moyen-Orient se sont retrouvés samedi dans la ville portuaire pour montrer leur solidarité avec les chrétiens d'Orient.
François les a accueilli chaleureusement sur le parvis de la basilique où se trouvent les reliques de Saint Nicolas de Myre (Turquie actuelle), mort au IVè siècle et vénéré par orthodoxes et catholiques. Ils ont ensuite prié ensemble sur le front de mer, où des solistes ont chanté en arabe et en araméen (un dialecte syriaque proche de la langue parlée au commencement du christianisme).
Le pape a exprimé ses craintes de voir "effacée" la présence des chrétiens au Moyen-Orient, "défigurant le visage même de la région", un effacement opéré "dans le silence de beaucoup et avec la complicité de beaucoup".
"Nous voulons être une voix qui lutte contre l'homicide de l'indifférence", a-t-il lancé, évoquant une région "carrefour de civilisations et berceau des grandes religions monothéistes", abritant "les racines de nos âmes".
Le pourcentage de chrétiens au Moyen-Orient est passé de 20% avant la Première guerre mondiale, à 4%, estime le Vatican.
Les dignitaires religieux se sont ensuite retirés à huis clos pour parler des questions brûlantes de la région.
Pour le cardinal libanais Béchara Raï, le patriarche des maronites, les États occidentaux doivent désormais "encourager" les réfugiés syriens à rentrer en Syrie, "un droit de citoyen" qui doit être séparé du volet politique.
Les gouvernements doivent "aider financièrement les gens chassés de leur terres à réparer leurs maisons" au lieu de "répéter qu'il n'y a pas la paix" au moment où "les bombardements sont extrêmement localisés", a expliqué ce prélat à l'AFP.
Pour lui, le Liban, rare pays de pluralité culturelle et religieuse de la région, est en train d'être "sacrifié" pour avoir ouvert solidairement ses portes à 1,750 million de réfugiés syriens, essentiellement musulmans, pour une population totale de 4 millions. "Ces réfugiés qui vivent misérablement constituent un champ fertile pour le recrutements du terrorisme", a-t-il prévenu.
Ses interlocuteurs catholiques et orthodoxes de Syrie interrogés par l'AFP, prônent une aide au retour des chrétiens réfugiés dans des pays limitrophes, à l'instar de l'archevêque grec-catholique d'Alep, Mgr Jean-Clément Jeanbart. "Le régime est une chose, le terrain une autre", confie cet homme qui n'a jamais abandonné sa ville bombardée.
Il a lancé une campagne intitulée "Alep vous attend", finançant les retours des chrétiens grâce à des bienfaiteurs suisses.
"Aidez-nous chez nous!"
Sur 170.000 chrétiens de la ville avant la guerre (11 dénominations différentes), il en reste peut-être 60.000, calcule-t-il, jugeant que ceux partis en Occident ne reviendront pas.
Malgré les critiques, le régime syrien "a le mérite d'insister sur la laïcité, le pluralisme et l'égalité de tous les citoyens", dans un pays mosaïque d'ethnies et de confessions, juge-t-il. Car la seule alternative, selon lui, est "un régime fondamentaliste musulman" dans un pays non préparé à la démocratie à l'occidentale.
"Ce qui m'empêche de dormir c'est l'exode, le plus grand mal qui soit pour notre Église et notre pays", confie-t-il, ému, en jugeant qu'il n'est plus opportun d'organiser des "corridors humanitaires" vers l'Europe.
"Certains pensent qu'avec un visa ils ont un billet pour le ciel, mais ils vont être un numéro parmi des dizaines de milliers de réfugiés. Maintenant que la sécurité est revenue, aidez-nous chez nous!", lance-t-il.
Le patriarche syrien-orthodoxe Ignace Ephrem II, qui vit à Damas, juge que "l'Occident a été trop obnubilé par un changement de régime".
"En tant que chrétiens nous avons le sentiment d'avoir été abandonnés", résume-t-il, "les programmes d'aides gouvernementales internationales ne nous parviennent pas, au lieu de nous aider, on nous accuse d'être des suppôts du gouvernement".
A l'issue de leur rencontre à huis clos, le pape a prôné "la paix".
"Cela suffit, l'occupation de terres qui lacèrent les peuples!", a-t-il dit, "cela suffit, l'utilisation du Moyen-Orient à des profits étrangers!".
"Nous pensons à la Syrie martyrisée, en particulier à la province de Deraa", a précisé François.
Une offensive militaire de Damas, lancée le 19 juin, a fait au moins 325.000 déplacés, selon l'ONU, dans cette région du sud de la Syrie. Un cessez-le feu a toutefois été scellé vendredi permettant le retour des déplacés.
Le pape et les patriarches d'Orient, rejoints par des enfants, ont ensuite lâché des colombes dans le ciel.
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