Cet accord, qui concerne uniquement la province de Deraa selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), a été obtenu dans la ville de Bousra al-Cham au bout de longues négociations entre Russes --alliés au régime-- et factions rebelles, au lendemain d'un déluge de feu qui avait contraint les insurgés à reprendre les pourparlers.
"Un accord a été obtenu entre le gouvernement syrien et les groupes terroristes", a annoncé l'agence officielle Sana, qui utilise le terme "terroristes" pour désigner tous les groupes qui combattent le régime.
Celui-ci prévoit l'"entrée en vigueur d'un cessez-le-feu et la remise par les groupes terroristes de leurs armes lourdes et moyennes dans toutes les villes et localités", selon Sana.
Ceux "qui refusent ce règlement partiront pour (la province d')Idleb avec leurs familles", a précisé l'agence, une condition sur laquelle les factions rebelles avaient insisté.
D'autre part, les déplacés pourront revenir chez eux, d'après la même source.
L'offensive militaire du régime a fait au moins 325.000 déplacés, selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui avait par ailleurs prévenu que "750.000 vies étaient en danger".
D'après le Comité international de secours, les déplacés doivent notamment lutter contre des températures atteignant jusqu'à 45 degrés.
Jeudi, la Russie avait empêché l'adoption d'une déclaration de l'ONU centrée sur l'aide humanitaire aux populations de Deraa.
En vertu de l'accord conclu vendredi soir, les institutions de l'Etat reprendront leur travail dans la région et "l'Etat syrien prendra le contrôle de toutes les positions aux mains des rebelles le long de la frontière jordanienne", selon l'agence Sana.
Dans un communiqué, les groupes rebelles ont confirmé l'existence d'un accord "pour épargner le sang du sud", tout en réclamant une supervision de l'ONU pour sa mise en oeuvre.
Le porte-parole du commandement rebelle, Hussein Abazeed, a affirmé à l'AFP que cet accord constituait "la meilleure option possible pour épargner le sang des combattants insurgés".
La province de Deraa est frontalière de la Jordanie et décrite comme le "berceau" de la révolte contre le président syrien Bachar al-Assad en 2011. La guerre en Syrie a éclaté après la répression de ces manifestations prodémocratie par le régime.
"Très symbolique"
Quelques heures avant l'annonce d'un accord, des militaires russes et des responsables syriens de l'administration des frontières étaient arrivés "sans aucun combat" au poste-frontière stratégique de Nassib, avait indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
L'agence Sana avait elle rapporté que le drapeau syrien avait "été hissé au niveau du poste de Nassib", à la frontière jordanienne, dont les rebelles avaient pris le contrôle en 2015.
"Deraa est très symbolique pour Assad parce que c'est le berceau de la révolution syrienne, tandis que (la reprise de) Nassib poussera les Jordaniens à s'investir pour un retour du régime dans le sud-ouest au vu des bénéfices de la reprise des échanges commerciaux avec la Syrie", a expliqué à l'AFP Nicholas Heras, chercheur au Centre for a New American Security.
Après avoir repris ces derniers mois le contrôle de zones rebelles autour de Damas --comme dans la Ghouta orientale, où il a été accusé de crimes contre l'humanité par l'ONU--, le régime syrien s'était tourné vers Deraa, l'un des derniers fiefs rebelles.
Il y a mené, avec son allié russe, une stratégie rodée alliant bombardements meurtriers et négociations pour des accords dits de "réconciliation" qui s'apparentent à des capitulations.
Plus de 30 localités de la province de Deraa étaient ainsi déjà passées ces dernières semaines sous contrôle du régime, en vertu d'accords avec certaines factions rebelles. Ceci avait permis à Damas de négocier en position de force, en ayant la main sur près de 70% de la province contre 30% avant l'offensive.
Selon le porte-parole du commandement rebelle, Hussein Abazeed, l'accord de vendredi soir prévoit le transfert en toute sécurité d'au moins 6.000 personnes --combattants et civils--, vers la province d'Idleb (nord-ouest, encore sous contrôle insurgé.
Selon des sources rebelles, Moscou avait auparavant rejeté un abandon progressif des armes lourdes par les insurgés et tout transfert de population.
La province de Deraa avait fait l'objet d'un cessez-le feu l'an dernier, en vertu d'un accord entre les Etats-Unis, la Russie et la Jordanie.
L'offensive du régime de Bachar al-Assad, qui en a fait fi, a tué 150 civils en moins de trois semaines.
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