La pression est grande sur les ministres des Affaires étrangères des cinq puissances restant partie à l'accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie): à quelques heures de la rencontre, le président iranien Hassan Rohani a fait savoir que l'offre des Européens pour compenser les effets du retrait de Washington n'était pas satisfaisante à ce stade.
Le paquet de mesures "ne répond pas à toutes les exigences de la République islamique", a indiqué M. Rohani au président français Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique, selon l'agence de presse officielle iranienne Irna jeudi soir.
Ces mesures seront au coeur des discussions prévues à partir de 09h00 GMT entre le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif et ses homologues à Vienne, où avait été signé l'accord historique de 2015.
Téhéran ne cache pas son impatience. "Le temps des négociations arrive à son terme", avait prévenu début juin le président du Parlement iranien, Ali Larijani, exhortant l'Europe à "se prononcer explicitement et rapidement".
L'Iran tente d'obtenir des pays européens des compensations économiques au désengagement fracassant des Etats-Unis qui ont dénoncé l'accord début mai. Téhéran a menacé à plusieurs reprises de reprendre l'enrichissement d'uranium.
Le pacte historique de 2015 soumet l'Iran à un strict contrôle de ses activités nucléaires visant à empêcher le pays d'accéder à l'arme atomique. La contrepartie de l'accord pour l'Iran fut la levée des sanctions économiques internationales avec la perspective de nouveaux investissements.
Or depuis que le gouvernement américain de Donald Trump a dénoncé le texte validé par l'ONU, la perspective du retour des sanctions américaines a commencé à faire fuir les investisseurs étrangers.
La rencontre de vendredi doit donner "une impulsion" en vue de protéger les intérêts des acteurs économiques, selon le vice-ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Riabkov.
Compte à rebours
"Je suis certain que demain nous enverrons un signal uni et déterminé au monde (...)", a déclaré jeudi soir à Vienne le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
Dans sa liste de conditions présentées fin mai, le guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, a notamment demandé aux signataires restants une garantie sur les ventes iraniennes de pétrole et sur les transactions commerciales.
Jusqu'ici la plupart des grands établissements financiers européens ont rechigné à garantir les échanges commerciaux avec l'Iran par peur de sanctions aux Etats-Unis où ils sont très exposés.
L'Europe se retrouve ainsi sous une double pression, celle de Téhéran qui a besoin d'investissements étrangers pour remettre à flots son économie, et celle de Washington qui pourrait s'en prendre à ses entreprises.
La Commission européenne a lancé en mai le processus de la loi dite "de blocage" visant à contrer les effets des sanctions américaines sur les entreprises européennes voulant investir en Iran. Mais ses effets sont incertains.
Signe de l'urgence, alors que les premières sanctions américaines doivent être réimposées début août, le président iranien était à Genève et à Vienne cette semaine où il a plaidé pour la sauvegarde de l'accord.
La visite de M. Rohani en Europe a été assombrie par la récente arrestation d'un diplomate de l'ambassade d'Iran en poste à Vienne, suspecté d'être impliqué dans un projet d'attentat en France.
"Tant que c'est possible pour l'Iran, nous resterons partie à l'accord, nous ne quitterons pas le JCPOA (le sigle officiel de l'accord, ndlr), à la condition que nous puissions aussi en profiter", a dit M. Rohani, conservateur modéré réélu en 2017.
"Les activités nucléaires de l'Iran n'ont toujours eu qu'un but pacifique", mais "c'est l'Iran qui décide de son niveau de coopération avec l'AIEA", a-t-il averti, selon Irna, lors d'un entretien avec Yukiya Amano, patron de l'agence des Nations Unies pour l'énergie atomique chargée de veiller au respect des engagements de Téhéran sur ses activités nucléaires.
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