Toute la nuit et pendant la journée de jeudi, des "centaines" de missiles et de barils d'explosifs ont été lancés par les aviations syrienne et russe sur les zones rebelles notamment près de la ville de Deraa, chef-lieu de la province du même nom, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Les avions russes suivent une politique de la terre brûlée", a dénoncé Hussein Abazeed, porte-parole du commandement conjoint rebelle des opérations du sud. "L'objectif est de forcer les rebelles à reprendre les négociations".
La télévision publique syrienne a montré des images en direct d'énormes nuages de fumée noire à la suite de frappes aériennes sur la province de Deraa et son chef-lieu éponyme.
Selon un correspondant de l'AFP à l'entrée de la ville de Deraa, le pilonnage est le plus violent depuis le début le 19 juin de l'assaut lancé par le régime pour reprendre la totalité de la province, qui borde la Jordanie et le plateau du Golan en majeure partie occupé par Israël.
Jeudi, les forces du régime ont réussi, pour la première fois depuis plus de trois ans, à prendre un poste de sécurité à la frontière jordanienne, a indiqué l'OSDH.
Six civils dont une femme et quatre enfants ont péri à Saida dans l'ouest de la province, selon l'ONG, ce qui porte à 149 le nombre de civils, dont 30 enfants, tués depuis le 19 juin. La ville de Saida été ensuite reprise par le régime selon les médias officiels.
"Il s'agit de la nuit la plus dure et la plus violente depuis le début de l'offensive barbare du régime syrien et des forces d'occupation russes", a écrit sur Twitter le militant syrien Omar al-Hariri, présent dans la ville de Deraa.
"Barbare"
"Depuis l'annonce de l'échec des négociations, les bombardements n'ont pas cessé un seul instant", a déclaré à l'AFP Samer Homsi, 47 ans, qui a fui cette même ville avec sa femme et ses quatre enfants.
"Les gens ici vivent sous les arbres ou dans des tentes bondées, rien ne nous protège des frappes", déplore-t-il. "La situation est très difficile. Nous vivons au milieu des oliviers, dans la peur de tout, des bombardements, sans eau ou assistance médicale proche".
"Les avions syriens et russes tentent de transformer les zones (rebelles) en enfer", a affirmé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les bombardements avaient repris mercredi après l'échec des négociations avec des représentants russes qui cherchent au nom du régime, à convaincre, les insurgés de rendre les armes.
Après avoir repris de larges pans du territoire syrien grâce au soutien militaire de l'allié russe, le régime a désormais dans son viseur les provinces méridionales de Deraa et Qouneitra.
Dans ses reconquêtes, le pouvoir a adopté une stratégie alliant bombardements meurtriers et négociations pour des accords dits de "réconciliation" qui s'apparentent à une capitulation.
Plus de 30 localités de la province de Deraa sont passées sous contrôle du régime en vertu de ces accords, outre celles reprises par la force, permettant à ce dernier d'avoir la main sur plus de 60% de la province.
Réunion de l'ONU
Mercredi, les Russes ont insisté pour que les rebelles rendent en une seule fois l'artillerie lourde et ont refusé d'accorder des passages sûrs aux insurgés et civils pour se rendre vers d'autres régions rebelles.
Lors des discussions, un négociateur russe qui s'est présenté comme Alexandre "a averti que si nous n'acceptons pas l'accord, 40 avions quitteraient l'aéroport de Hmeimim pour frapper le sud", a dit M. Abazeed, en allusion à la base militaire russe dans le nord-ouest syrien.
Dans un communiqué jeudi, le commandement rebelle a réclamé "de réelles garanties" et une supervision par l'ONU d'éventuelles futures négociations.
Depuis 2011, toutes les initiatives internationales visant à trouver une solution au conflit en Syrie qui a fait plus de 350.000 morts ont échoué.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir jeudi une réunion d'urgence pour discuter de la situation dans le sud, où les violences ont poussé quelque 330.000 personnes à la fuite depuis le 19 juin selon l'ONU.
Certains déplacés ont trouvé refuge près des frontières jordanienne et israélienne, où ils vivent dans un dénuement total.
Ni la Jordanie ni Israël ne veut les accueillir et, face au risque d'une crise humanitaire, l'organisation Human Rights Watch a appelé les deux pays à ouvrir leurs frontières.
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