"Démontrer qu'on peut naître ici sur le territoire, vivre et grandir à Jeumont et finalement réussir au plus haut niveau international, c'est une belle leçon pour les enfants de Jeumont et ça leur donne de quoi espérer pour l'avenir", souligne le maire Benjamin Saint-Huille, qui a placardé dans sa ville des banderoles de soutien au héros du coin.
C'est dans cette cité de 10.000 habitants, située entre la frontière belge et Maubeuge, à plus d'une heure de route au sud de Lille, que le jeune latéral droit des Bleus (22 ans) a grandi et a commencé le football à 6 ans, comme un certain Jean-Pierre Papin.
"A cet âge-là il faisait cinquante jongles, pied droit, pied gauche, de la tête. Il était vraiment complet, c'était impressionnant", se souvient Sullivan Skiba qui l'entraînait avec son père à ses débuts.
Rapidement, le jeune garçon est remarqué par le grand club voisin, Lille.
"Mon papa l'avait repéré donc il est venu en test et ça a rapidement été concluant. Il a intégré notre équipe de poussins, avec des parents qui ont fait énormément de sacrifices parce qu'ils l'amenaient deux fois par semaine à l'entraînement, plus le match du samedi", explique à l'AFP Jean-Michel Vandamme, directeur du centre de formation du Losc.
Fils unique, Benjamin Pavard est très vite séparé de ses parents pour intégrer le centre de formation. Mais il revient tous les week-ends à Jeumont, où ils habitent toujours.
Réservé, il évolue dans l'axe de la défense et parfois au milieu. Mais petit à petit, sa personnalité s'affirme.
"C'était un bosseur, très humble, parfois un peu trop. Il avait besoin de retours sur ses performances. Il avait déjà cette exigence. Puis il est devenu un leader, qui avait toujours beaucoup de détermination", se remémore Rachid Chihab, qui l'a accompagné durant son apprentissage au Domaine de Luchin.
"Chambreur et ambianceur"
Sa timidité laisse peu à peu place à une jovialité qu'il partage allègrement avec ses copains du centre de formation.
"Quand il fallait bosser, il était très sérieux. Mais en dehors, c'était un chambreur et un ambianceur. Et il mettait à fond sa musique des années 80. Il cassait les codes", raconte à l'AFP Corentin Halucha, qui l'a côtoyé pendant plusieurs années au centre.
Puis la chance tape à la porte. L'entraîneur René Girard le lance chez les pros début 2015 et insiste sur sa polyvalence (défenseur central et latéral), qui constitue sa grande force.
"Ce qui m'avait un peu bluffé c'était sa maturité. On a vu qu'il était capable d'occuper les quatre postes en défense avec la même réussite donc on n'a pas hésité. Mais si ce n'était pas moi, un autre l'aurait vu", souligne Girard.
A l'été 2016, alors que le nouvel entraîneur Frédéric Antonetti ne compte pas sur lui, Pavard relève le défi de Stuttgart, club allemand historique qui vient de descendre en deuxième division.
"Un gamin en or"
Bon choix ! Il s'impose dans la patrie de Porsche et Mercedes, avec une remontée immédiate en Bundesliga et une première sélection en Bleu fin 2017. L'histoire est en marche.
"Le football c'est aussi une question d'opportunités. Le train est passé, il a mis un pied dedans et maintenant il voyage en première classe", se réjouit Corentin Halucha, qui regardait avec Pavard les matches des Bleus à l'Euro-2016 depuis la fan-zone de Lille.
Malgré sa réussite, Benjamin Pavard, 22 ans, est resté fidèle à son éducation et à ses valeurs, l'humilité, la gentillesse, le respect.
"Il avait toujours un mot gentil pour les gens qui l'entouraient. Il m'a toujours remercié et m'envoie un message dès qu'il y a une évolution dans sa carrière. Il est très reconnaissant et ce n'est pas courant. C'est un gamin en or", souligne René Girard auprès de l'AFP.
"Quand il revient sur Jeumont il n'hésite pas à faire des séances d'autographes pour les jeunes et à jouer avec eux. Il n'oublie pas d'où il vient. Il représente complètement les valeurs du Nord, il est humble, respectueux, poli, résume Sullivan Skiba. C'est un vrai ch'ti !"
Au point que ses coéquipiers en équipe de France, inspirés par le "chambreur en chef" Adil Rami, l'ont surnommé "Jeff Tuche", ce qui l'agace un peu.
"Il disait d'arrêter de l'appeler Jeff Tuche, mais ça ne s'adressait à pas moi, c'était plutôt à vous (la presse), je ne pense pas que ça l'agace venant de moi, il a une sacrée +tuche de balle+ (rires), rigole Rami. J'apprécie le personnage, le joueur, il est toujours à 100%, il est passé par Lille comme moi, ça nous a rapprochés. J'aime ce genre de joueurs, avec leur air gentil, mignon, mais ils vont au charbon, +donnent leur corps à la science+".
Pavard, un vrai ch'ti en Nord...
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