On le disait isolé au début de la compétition, mais le président russe s'apprête à célébrer, dans les tribunes du stade Loujniki le 15 juillet et devant une audience attendue autour d'un milliard de téléspectateurs, une Coupe du Monde unanimement jugée réussie.
Dès le lendemain, il s'envolera pour Helsinki pour son premier sommet bilatéral avec Donald Trump, témoignant pour Moscou du rôle incontournable qu'a pris le maître du Kremlin sur la scène internationale ces dernières années malgré les tensions.
Après les JO d'hiver de Sotchi en 2014, l'organisation à grands frais du Mondial-2018 constituait un outil essentiel du "soft power" russe à l'étranger dans un contexte de relations de plus en plus dégradées avec les Occidentaux.
Alors que les médias craignaient des batailles rangées de hooligans et des incidents racistes, les télévisions du monde entier ont montré des images de fête bon enfant au pied du Kremlin, animée par des supporters, surtout d'Amérique latine, qui repartent chez eux ravis de l'accueil.
Même les Russes se sont pris au jeu, encouragés par le succès de la sélection nationale qui a dépassé toutes les attentes en se qualifiant pour les quarts de finale, ce qui n'était pas arrivé depuis 1970 -avec le maillot de l'URSS-.
"Il n'y a pas d'éléments permettant de dire que l'image de la Russie s'est améliorée à l'étranger", tempère Andreï Kolesnikov, expert du centre Carnegie, soulignant que les supporters occidentaux venus en Russie à l'occasion du Mondial étaient peu nombreux.
"La ferveur patriotique va retomber et au lendemain du championnat, tout va redevenir exactement comme avant", avance l'expert, jugeant "insignifiant" l'effet de la compétition sur le "soft power" russe.
Dans l'opinion russe, l'humeur qui transparaît est très loin de la fête.
Interrogés sur les hommes politiques auxquels ils font confiance, moins de la moitié (48%) cite Vladimir Poutine, une chute de 12 points en un mois et du jamais vu depuis l'annexion de la Crimée en 2014, selon une étude publiée mardi par l'institut indépendant Levada.
Fin juin, l'institut VTsIOM, contrôlé par l'État, faisait lui aussi état d'une chute de près de 14 points en trois semaines de la cote de popularité du président (à 64%), réélu triomphalement en mars pour un quatrième mandat courant jusqu'en 2024, soit 25 ans après son arrivée au pouvoir.
La popularité du gouvernement a baissé de 12 points.
"D'habitude épargné"
"Tous ce qui est lié au championnat est perçu de manière positive, mais cela ne touche pas la vie réelle de la population. C'est un effet purement médiatique", explique Lev Goudkov, directeur du centre Levada, qui relève "de plus en plus de mécontents" dans le pays.
Inquiets par la baisse continue de leur niveau de vie depuis plus de quatre ans, nombre de Russes ont été choqués par l'annonce par le gouvernement, le jour de l'ouverture de la Coupe du monde, d'une réforme du régime des retraites.
Pour la première fois en plus de 80 ans, le gouvernement russe veut relever progressivement l'âge de la retraite de huit ans pour les femmes (à 63 ans) et de cinq ans pour les hommes (à 65 ans), dans un pays où les pensions sont maigres et l'espérance de vie peine à progresser.
Si Vladimir Poutine s'est évertué à garder ses distances avec les projets du gouvernement, qui propose également une hausse de la TVA, il n'a pas été épargné par le mécontentement généré.
"Pour la première fois depuis très longtemps, les cotes de popularité et de confiance ont chuté pour l'ensemble du pouvoir. D'habitude, Poutine est épargné, mais là sa popularité tombe aussi", relève Andreï Kolesnikov.
Une pétition demandant l'abandon du relèvement de l'âge de la retraite a rassemblé 2,6 millions de signatures et plusieurs milliers de Russes sont déjà sortis dans la rue à travers le pays pour protester.
Ces actions ont toutefois épargné les villes hôtes du Mondial, où des restrictions s'appliquent le temps de la compétition, et ont été ignorées par la télévision publique russe.
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