Cette visite, jugée "d'une importance capitale" par Téhéran pour la coopération entre la République islamique et l'Europe après le retrait américain de l'accord, est assombrie par la récente arrestation d'un diplomate de l'ambassade d'Iran en poste dans la capitale autrichienne, suspecté d'être impliqué dans un projet d'attentat.
Quelques heures avant d'accueillir M. Rohani, Vienne a convoqué en urgence l'ambassadeur d'Iran dans le pays et annoncé que l'Autriche allait retirer son statut de diplomate à l'agent mis en cause.
Ce dernier, arrêté samedi en Allemagne, pourrait être extradé prochainement vers la Belgique, où sont coordonnées les investigations sur le projet d'attentat, a indiqué le parquet de Bamberg, dans le sud de l'Allemagne, cité par l'agence DPA.
En raison de la commission présumée d'une infraction dans un autre pays que celui où il est en poste, son immunité diplomatique ne peut être invoquée, ont indiqué plusieurs sources à l'AFP.
Ces remous n'ont pas modifié le programme de la visite de M. Rohani, qui après une visite officielle en Suisse, est arrivé à Vienne où il rencontre dans la matinée son homologue autrichien Alexander Van der Bellen et le chef du gouvernement Sebastian Kurz.
L'activité diplomatique entre l'Iran et l'Autriche a toujours été nourrie. En septembre 2015, quelques semaines après la signature de l'accord nucléaire, Le prédécesseur de M. Van der Bellen avait été le premier chef d'État occidental à se rendre en visite officielle en Iran depuis 2004.
Réunion sur le nucléaire vendredi
Avec son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, M. Rohani, conservateur modéré réélu en 2017 avec l'appui des réformateurs, a été le principal artisan iranien de l'accord de Vienne. Il en a fait la pierre angulaire de sa politique d'ouverture vers l'Occident, qui lui vaut d'être sévèrement critiqué par le camp ultraconservateur iranien.
Le président américain Donald Trump a sorti unilatéralement son pays en mai de l'accord, s'attirant les critiques des autres parties (Iran, Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) qui tentent désormais de sauvegarder ce pacte alors que le retrait de Washington ouvre la voie à de nouvelles sanctions américaines contre l'Iran.
Pour Téhéran et les autres signataires, la mise en cause d'un représentant officiel iranien dans un projet d'attentat en Europe tombe donc au plus mauvais moment.
Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), entité proche des Moudjahidine du peuple, avait affirmé lundi que "le diplomate du régime des mollahs en Autriche arrêté en Allemagne (...) s'appelle Assadollah Assadi" et l'accuse d'avoir été le "commanditaire" et "principal planificateur" de l'attentat.
Il est soupçonné d'avoir été en contact avec un couple de Belges d'origine iranienne arrêté à Bruxelles en possession de 500 grammes d'explosif devant servir à attaquer, samedi dernier près de Paris, un rassemblement organisé par les Moudjahidine du Peuple Iranien (MEK), un parti d'opposition iranien fondé en 1965 et interdit par les autorités iraniennes depuis 1981.
Des personnalités politiques américaines de premier plan ont participé à ce rassemblement, comme l'ancien maire de New York, aujourd'hui avocat personnel du président américain Donald Trump, Rudy Giuliani
Selon le site internet du ministère autrichien des Affaires étrangères, M. Assadi a le rang de troisième conseiller à l'ambassade d'Iran à Vienne.
Ulcéré, Téhéran a dit voir dans ces mises en cause une machination destinée à nuire à l'Iran. Mercredi, le ministère iranien des Affaires étrangères a même affirmé que les suspects interpellés en Belgique sont membres des Moudjahidine du peuple.
Le contexte est d'autant plus sensible que les ministres des Affaires étrangères des cinq Etats signataires de l'accord nucléaire doivent se réunir vendredi à Vienne pour la première fois depuis que Donald Trump a décidé de s'en affranchir.
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