Le coup d'envoi se situe au début du XIXe siècle, lorsque la France se signale comme le premier pays à reconnaître l'indépendance de l'Uruguay (déclarée en 1825 et consacrée en 1828), avant d'intervenir pour protéger Montevideo en pleine guerre civile.
S'inspirant de l'Hexagone, la nation "charrua" a séparé l'Église de l'État en 1917 (une rareté dans une Amérique du Sud très catholique) et calqué son code civil sur le Code Napoléon.
De nombreux dirigeants politiques ont été formés au lycée français, qui a pris le nom de Jules Supervielle, un des trois grands poètes français nés à Montevideo, avec le Comte de Lautréamont (Isidore Ducasse) et Jules Laforgue. Le français fut la première langue obligatoire à l'école jusque dans les années 1990. L'Uruguay est d'ailleurs l'un des rares pays latino-américains membres de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), en tant qu'observateur (avec l'Argentine et le Costa Rica).
De Laurent à Cavani
La poésie du ballon rond a également souvent rapproché les deux peuples. Avec, tout d'abord, un fait historique: c'est à Montevideo que l'attaquant Lucien Laurent marque le tout premier but dans une Coupe du monde, le 13 juillet 1930 (France-Mexique 4-1).
C'était au stade Pocitos, aujourd'hui détruit. A quelques encablures du mythique stade Centenario, une borne commémorative situe l'emplacement exact de la cage déflorée par le Français décédé en 2005. Et sur les quatre étoiles présentes sur le maillot de la Celeste, la première représente les JO-1924 remportés à... Paris.
Depuis, quelques grands joueurs uruguayens ont évolué en France, d'Ildo Maneiro à Lyon dans les années 1970, modèle du jeune Luis Fernandez, à Edinson Cavani, devenu récemment le meilleur buteur de l'histoire du PSG. D'autres joueurs ont moins réussi à Paris, comme deux figures de la Celeste tutoyant la centaine de sélections, l'ex-capitaine Diego Lugano et l'attaquant Cristian "Cebolla" Rodriguez, présent dans l'effectif en Russie.
Et il y eut aussi Enzo Francescoli à la fin des années 1980 (RC Paris et Marseille): c'était l'idole de la future icône française Zinedine Zidane, qui a donné le prénom du "Principe" (prince) à son premier fils.
La filière uruguayenne a fait son trou à Nancy, avec par exemple Ruben Umpierrez (1978-1985), Carlos Curbelo (1971-1980) puis son fils Gaston (2000-2009), et surtout Pablo Correa, qui y a joué puis entraîné plusieurs fois entre 1995 et 2017, prenant la double nationalité franco-uruguayenne. "Qui s'y frotte s'y pique", est-il écrit sur le blason au chardon du club lorrain, et la devise convient à la Celeste...
Modèle français
Antoine Griezmann se trouve un peu à cette confluence en s'étant imprégné de la grinta charrua, de la Real Sociedad, avec son entraîneur Martin Lasarte et son coéquipier Carlos Bueno, à l'Atletico Madrid, où il côtoie les défenseurs centraux Diego Godin et José Maria Gimenez, qu'il affrontera vendredi.
L'influence est à double sens. Le sélectionneur de la Celeste Oscar Tabarez (1988-1990 et depuis 2006) avait assisté à la Coupe du monde 1998 en qualité de membre du groupe technique de la Fifa, et en a tiré des enseignements qu'il a mis en pratique dans son pays.
"J'étais à Bordeaux et je parlais à l'entraîneur des moins de 17 ans et à la sélectionneuse des féminines", rappelait-il en 2013 avant un Uruguay-France (1-0). "Ils m'ont raconté comment se passait la formation en France, comment on suivait un même processus de l'enfance à l'âge adulte. J'ai appris beaucoup de choses. Ils avaient une technologie qui faisait une analyse des adversaires, quelque chose qu'on ne connaissait pas ici".
"De retour d'un match en Algérie (en août 2009, ndlr), on a passé onze heures de transit en France et on en a profité pour visiter Clairefontaine", se souvenait aussi Tabarez, tout en saluant l'apport de deux anciens cadres techniques de la Fédération française (FFF) à son homologue uruguayenne (AUF).
En Coupe du monde, les deux équipes se sont rencontrées trois fois, à chaque fois au premier tour (2-1 pour la Celeste en 1966, puis 0-0 en 2002 et 2010). C'est désormais en cyrillique que va s'écrire la prochaine page franco-uruguayenne, sur les rives de la Volga.
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