"Malaise", "mal-être", "perte de sens", "démotivation et découragement": les mots divergent mais pour les sénateurs François Grosdidier (LR) et Michel Boutant (PS), les forces de sécurité intérieure "traversent incontestablement une véritable crise qui met en péril le bon fonctionnement du service public de sécurité".
Face à un constat particulièrement "sombre", le rapport sénatorial invite à une "une remise en cause énergique" et à "des réformes profondes" qui permettront de "remettre l'institution sur les rails".
Constituée après la vague de suicides qui a endeuillé les forces de sécurité à l'automne 2017, la mission d'enquête formule une série de 32 propositions visant pêle-mêle une meilleure prise en compte des risques psycho-sociaux, l'amélioration de la gestion des ressources humaines notamment en début de carrière, une formation et un management plus proche "du terrain", l'élaboration d'un livre blanc de la sécurité intérieure puis l'adoption de lois de programmation ou encore la généralisation des caméras piétons.
Pour les sénateurs, le "malaise général" des forces de sécurité intérieure est le fruit de plusieurs facteurs, avec en premier lieu, une exposition croissante à la violence dont le paroxysme est l'assassinat revendiqué par l'organisation jihadiste Etat islamique de deux fonctionnaires de la police nationale le 13 juin 2016 à leur domicile.
A ce titre, le rapport évoque un "syndrome Magnanville" renforcé par la répétition des manifestations violentes depuis 2016 et l'attaque de policiers aux cocktails Molotov à Viry-Châtillon (Essonne).
La mission d'enquête pointe également le "sentiment de déclassement" qui se nourrit du "grand dénouement matériel" des services. Dans la ligne de mire des sénateurs: le parc automobile "vétuste" et un parc immobilier "en situation critique".
Au passage, elle tacle les plans immobiliers du ministre Gérard Collomb "totalement insuffisants" et "largement inférieurs de 450 millions d'euros aux besoins identifiés".
La mission d'enquête estime en outre que la "pression opérationnelle constante" générée par la menace terroriste, les mobilisations sociales ou la crise migratoire a concouru à "une augmentation des situations d'épuisement professionnel".
Sans surprise, elle épingle "la lourdeur de la procédure judiciaire", qui fait actuellement l'objet d'une réforme et de nombreuses promesses de la Chancellerie et Beauvau.
Avare en compliments sur les directions des deux forces, la mission d'enquête s'inquiète plus particulièrement du "malaise profond" de la police nationale qu'elle estime proche de la crise de la gendarmerie en 1989 résolue par des états généraux et une réforme profonde de l'organisation et des conditions de travail.
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