Vingt-quatre heures après la belle de Redoine Faïd, 46 ans, quelque 2.900 policiers et gendarmes sont mobilisés sur tout le territoire pour tenter de rattraper le nouveau "roi de l'évasion", qui s'était déjà échappé il y a cinq ans d'une prison du nord de la France.
Alors que de nombreuses questions se posent sur le niveau de sécurité de cette prison de Seine-et-Marne inaugurée en 2011, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a reconnu sur Europe 1 une éventuelle défaillance. "Je ne prétends pas qu'il n'y a pas ici de défaillance. Il y en peut-être une. Si c'est le cas, nous y porterons remède immédiatement", a-t-elle dit en annonçant l'arrivée lundi d'une mission d'inspection.
Le Premier ministre Edouard Philippe a quant à lui affirmé sur RTL que "l'urgence, c'est la mobilisation pour retrouver cet individu" tout en reconnaissant que cette évasion "pos(ait) beaucoup de questions".
Les faits se sont déroulés dimanche matin: un hélicoptère avec un "commando armé" de trois complices, dont le pilote avait été pris en otage, s'est posé dans la cour d'honneur lors d'une opération qui a duré dix minutes.
L'hélicoptère a ensuite été retrouvé à Gonesse (Val-d'Oise) partiellement incendié, et le pilote a été retrouvé en état de choc après avoir été roué de coups.
Faïd et ses complices ont pris la fuite dans une Renault Mégane noire, au volant de laquelle se trouvait un quatrième homme. La voiture a été retrouvée dans le parking d'un centre commercial d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Selon une source proche de l'enquête, le commando a ensuite disparu à bord d'au moins un autre véhicule.
"Commando très bien préparé"
"Nous sommes face à un commando qui était très bien préparé, très bien organisé et qui s'est posé sur le seul espace très restreint qui existait dans cette prison et qui n'était pas pourvu de filins anti-hélicoptère", a réagi la garde des Sceaux.
"A priori, il n'y avait pas de raisons pour qu'il y ait des filins sur ce lieu là. Il y en a partout ailleurs dans la prison", a-t-elle dit. Les conclusions de l'inspection seront rendues "dans le mois qui vient", a-t-elle promis.
Pour Emmanuel Baudin, secrétaire générale de FO pénitentiaire, Faïd "n'était pas dans le bon établissement". "On aurait dû le mettre dans une centrale sécuritaire, comme Condé-sur-Sarthe ou Vendin-le-Vieil, où jamais un hélicoptère ne peut se poser parce qu'il y a des filins partout, parce que les miradors sont très hauts et très armés", a déclaré le syndicaliste sur France Info.
En juin 2013, un rapport commandé par la Direction de l'Administration pénitentiaire (DAP) avait mis au jour des dysfonctionnements au sein du centre pénitentiaire de Réau, principalement liés au laxisme de l'encadrement dans le quartier maison centrale, la section dédiée aux détenus considérés comme les plus dangereux.
Cette inspection avait été diligentée après la tentative, par deux détenus, de faire sauter une porte de la cour de promenade. Parmi eux figurait Smaïn Ait Ali Belkacem, l'un des auteurs des attentats de 1995 en France.
Selon la DAP, le centre de détention, qui compte actuellement 650 détenus pour 800 places, présente "un niveau de sécurité adapté pour accueillir des détenus particulièrement signalés, des profils lourds". Y ont notamment été transférés le braqueur multirécidiviste Antonio Ferrara, surnommé "le roi de la belle" après son évasion de Fresnes en 2008, et les Pink Panthers, gang de braqueurs de bijoux originaires des Balkans.
Pour une source pénitentiaire, une opération aussi préparée suppose une communication entre l'intérieur et l'extérieur de la prison: or, "les brouilleurs en place à Réau sont obsolètes, comme dans les trois quarts des 800 établissements équipés" en France.
Redoine Faïd a été condamné en appel en avril à 25 ans de réclusion pour un braquage raté dans le Val-de-Marne, qui avait coûté la vie en 2010 à la policière municipale Aurélie Fouquet.
Il a été condamné deux fois aux assises en 2017: à 10 ans de réclusion pour son évasion de la prison de Lille-Sequedin en 2013 et à 18 ans de prison pour l'attaque d'un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011.
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