Le Ney a-t-il retrouvé son fluide pour jeter un sort aux Mexicains ? Un but, une passe décisive, des larmes, la star brésilienne n'est pas encore pleinement entrée dans son Mondial, mais les grands joueurs et les équipes qui veulent aller loin s'épanouissent souvent dans la phase à élimination directe.
Après tout, Paolo Rossi n'avait pas marqué un seul but lors des trois nuls de l'Italie en poules en 1982 avant d'exploser et de conduire la Nazionale au trophée. Les Brésiliens le savent bien, qui avaient encaissé un triplé (3-2) du futur Ballon d'Or.
En 1986, Diego Maradona avait démarré mollement, un but contre l'Italie, avant de sublimer l'Argentine jusqu'au titre suprême.
Et en 1998, Zinédine Zidane suscitait encore des doutes avant d'offrir la Coupe du monde aux Bleus d'un doublé en finale, et ça aussi les Brésiliens la savent bien (France-Brésil: 3-0).
La pression sur Neymar
Pas de panique, donc. Et tout l'entourage de la sélection s'attache à alléger la pression autour du joueur du Paris SG.
A l'image de sa star, le Brésil a commencé sans éclat. Un nul contre la Suisse (1-1), un victoire arrachée dans le temps additionnel face au Costa Rica (2-0), un soir où Neymar a fini sanglotant sur la pelouse, puis un succès sur le même score contre la Serbie qui a quand même bien secoué la Seleçao.
Heureusement Philippe Coutinho mène la charge (deux buts, une passe) pendant que le maréchal Ney ronronne, et l'organisation tout terrain mise en place par Tite est solide.
Le sélectionneur "leur a inculqué une discipline défensive que je n'ai jamais vue au Brésil, salue l'ex-entraîneur adjoint du Japon, Jacky Bonnevay. S'ils gardent cette discipline défensive, qu'ils s'appellent Neymar ou autre, avec un tel volume de course et d'intensité..."
Côté volume de course et intensité, justement, Tite devrait récupérer son arrière gauche Marcelo, touché au dos et sorti au bout de dix minutes contre les Serbes.
Bref, le Brésil a logiquement les faveurs des pronostics, augmentées par la malédiction qui pèse sur El Tri depuis 1994. Ce pays fou de foot, dont les supporters ont promené sombreros et mariachis dans toute la Russie, n'arrive pas à atteindre ce fameux cinquième match de Coupe du monde.
La "meilleure génération" mexicaine
Mais cette année est peut-être la bonne, pour leur sélectionneur colombien Juan Carlos Osorio, à la tête selon ses mots d'"une grande génération", et pour beaucoup d'observateurs du football mexicain peut-être même "la meilleure".
Derrière son leader Javier "Chicharito" Hernandez, qui a brillé à Manchester, au Real Madrid ou au Bayer Leverkusen, le Mexique a fait mûrir en Europe Carlos Vela ou encore le capitaine Andrès Guardado.
Enfin, le prometteur ailier droit Hirving "Chucky" Lozano (22 ans), champion des Pays-Bas avec le PSV Eindhoven pour sa première saison en Europe (17 buts), s'est révélé à ce Mondial comme un parfait complément au "Chicharito".
Le Mexique a commencé les poules par amorcer la chute de l'Allemagne (1-0), sa première victoire sur le quadruple champion du monde, mais a fini sur un couac face à la rugueuse Suède (3-0), en se jetant à l'assaut.
"Une des plus remarquables vertus des footballeurs mexicains est d'avoir toujours ce courage de jouer, c'est notre identité de jeu", salue Osorio. Il faudra aussi défendre, car la magie noire du cinquième match fait peur.
Mais avant de partir, Rafael Marquez, le quatrième joueur de l'histoire à disputer une cinquième Coupe du monde, avait osé lancer qu'El Tri n'allait pas en Russie "avec l'idée d'arriver au cinquième match mais d'écrire l'histoire, et ça, se serait finir champions du monde". Quelle conjuration !
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