L'association FASTER, créée après la mort de 26 personnes en 2012 dans une école primaire de Sandy Hook, a déjà formé plus de 1.300 employés d'écoles au maniement des armes pour qu'elles soient prêtes en cas d'attaque.
Soixante-trois ont suivi cet entraînement dans l'Etat du Colorado, où s'est déroulée la tuerie de Columbine en 1999 (13 morts).
"Je pense que ça fait peur aux gens d'amener une arme à l'école", reconnaît Katie, institutrice dans le comté de Jefferson, à l'ouest de Denver.
"Ils voient juste l'aspect négatif, pas le côté positif des armes qui peuvent sauver des gens", dit à l'AFP la jeune femme de 27 ans qui suit une formation de trois jours, pour 1.000 dollars, à Commerce City (nord-est de Denver).
Une fusillade par semaine
Selon Everytown for Gun Safety, un groupe cherchant à limiter l'usage des armes à feu, une fusillade a lieu chaque semaine en moyenne dans une école aux Etats-Unis.
La violence par armes à feu tue près de 33.000 personnes par an dans le pays, dont quelque 20.000 suicides. Plus de 214.000 élèves ont vécu une fusillade dans une école depuis 1999, selon une base de données du Washington Post.
Avec la fréquence des fusillades et la paralysie du Congrès, FASTER dit avoir vu ses affaires croître, et ce avant même que le président ne propose d'armer les enseignants dans la foulée d'un massacre perpétré le jour de la Saint-Valentin, en Floride.
"J'ai dû ajouter quatre cours à notre programme pour répondre à la demande cette année mais je ne pense pas que ce soit lié à Trump", a confié à l'AFP Joe Eaton, responsable de l'association en Ohio.
La semaine passée, vingt-quatre employés d'écoles du Colorado --notamment des proviseurs, enseignants ou prêtres-- ont suivi une formation de trois jours, menée par quatre policiers en exercice. Ils apprennent à manier une arme, à tirer et à réagir en cas d'irruption d'un tireur.
La législation du Colorado interdit le port d'armes à l'école, sauf pour les policiers chargés de protéger les établissements et pour les agents de sécurité.
Mais beaucoup de participants espèrent que leurs nouvelles compétences inciteront les autorités à changer d'avis.
Selon Wayne, directeur d'une école rurale, il faudrait 20 à 25 minutes pour que les forces de l'ordre réagissent à un incident dans son établissement, où aucun policier n'est stationné.
A Columbine, il n'a fallu que sept minutes et trente secondes à deux adolescents pour commettre un massacre dans la bibliothèque, se souvient Evan Todd.
Ce survivant, âgé de 35 ans aujourd'hui, se dit "absolument" convaincu qu'il y aurait eu moins de victimes si les enseignants avaient été armés.
Un avis qui est loin de faire l'unanimité.
Des enseignants, pas des policiers
"Je comprends que ça puisse être plus compliqué dans nos zones très rurales", dit à l'AFP Tom Mauser, porte-parole de Colorado Ceasefire, organisation militant pour un encadrement plus strict des armes à feu.
Son fils Daniel est mort à Columbine. Il avait 15 ans.
"Les enseignants devraient juste être des enseignants, pas des membres du SWAT", souligne M. Mauser, faisant référence à la force d'intervention d'élite de la police américaine.
A l'issue de la formation, 21 personnes sur 24 disposaient du niveau requis en maîtrise des armes pour le Peace Officer Standards and Training (POST) du Colorado, soit le même niveau que les policiers sortant de l'académie.
Les établissements pourraient peut-être alors les considérer comme des agents de sécurité, et donc les autoriser à avoir des armes dissimulées pendant les cours.
FASTER, qui veut programmer des formations dans l'Indiana, le Wyoming et peut-être New York, encourage les écoles à divulguer qu'elles ont du personnel armé pour dissuader ceux qui envisageraient de les attaquer.
Les lycéens eux-mêmes sont divisés.
"Je pense que ce serait très malin, pour qu'on ne reste pas là, à attendre et à avoir peur pour sa vie", dit Alex Easton, 14 ans, d'Aurora (Colorado) où douze personnes ont été abattues dans un cinéma en 2012.
Mais "les policiers seront-ils capables de déterminer qui tire" sur les lycéens, s'interroge Andre Fouque, 16 ans, de Louisville, craignant que dans la panique un enseignant armé ne soit confondu avec l'agresseur et abattu.
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