"C'est mon cinquième rassemblement de Pontida en tant que secrétaire et la Ligue qui viendra au rassemblement dimanche est un parti qui n'a jamais été aussi fort, aussi organisé", s'est réjoui cette semaine Matteo Salvini, 45 ans.
Quelque 50.000 personnes, venant de toute l'Italie, sont attendues pour cette grand-messe, événement central dans la liturgie du mouvement d'extrême droite car c'est à Pontida, près de Bergame, que serait née en 1167 la Ligue lombarde, alliance de villes du nord contre l'empereur Frédéric Barberousse.
Fort du double portefeuille de vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, dont il est titulaire depuis un mois, Matteo Salvini a réussi à imposer le thème des migrants, cheval de bataille de La Ligue, à l'agenda européen en interdisant l'accès aux ports italiens aux ONG opérant en Méditerranée.
Une décision spectaculaire à l'origine d'une crise diplomatique avec la France, cette dernière accusant l'Italie de "cynisme" et "d'irresponsabilité" et M. Salvini rétorquant que l'Italie n'avait pas de leçons à recevoir de la part d'un pays qui n'a pas tenu ses engagements en matière d'accueil.
- Sondages en hausse -
Si les relations ont semblé se réchauffer ces derniers jours entre les deux voisins, à la faveur de rencontres à Paris et Rome entre le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte et le président français Emmanuel Macron, Matteo Salvini ne change pas de ton.
Avec son style sans nuances, il a réaffirmé vendredi que les "ONG verraient l'Italie seulement en cartes postales cet été" et conseillé à Emmanuel Macron de "se laver la bouche parce que l'Italie à fait beaucoup plus que les Français qui continuent de repousser des personnes à Vintimille", à la frontière franco-italienne.
Une ligne dure qui semble lui réussir selon les sondages, dont un récent, réalisé mi-juin par Ipsos, a montré qu'une majorité d'Italiens (59%) approuvaient ses choix en matière d'immigration.
Une large adhésion dont la Ligue, alliée du Rassemblement national de Marine Le Pen, tire tout naturellement avantage: arrivée au pouvoir aux législatives du 4 mars avec 17% des voix (en troisième position), elle était créditée samedi de 31,2% des intentions de votes, faisant du mouvement eurosceptique le premier parti d'Italie.
Le parti dame le pion à son allié de la coalition gouvernementale, le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), pourtant arrivé en tête des élections et qui reste stable à environ 30%.
"Le moment de la Ligue"
"Il n'était jamais arrivé que moins de quatre mois après les élections la mobilité électorale soit telle qu'elle permette à une force politique de presque doubler son score, la faisant passer de la 3e à la première place", écrivait samedi le Corriere della Sera en publiant cette enquête.
"C'est le moment de la Ligue et sa force dépend surtout de la solide continuité de la stratégie de communication de Matteo Salvini par rapport à la campagne électorale, une stratégie basée sur un choix précis des thèmes sensibles (migrants, responsabilité de l'Europe) et aussi sur des tons agressifs envers des dirigeants politiques, M. Macron en tête", analyse le quotidien.
Pourtant grand vainqueur des législatives, Luigi Di Maio, le chef de file du M5S, devenu lui aussi vice-Premier ministre (et ministre de Travail), a été éclipsé par son allié de la Ligue, les thématiques sociales portées par le M5S (comme le revenu de citoyenneté) étant jusqu'ici reléguées au second plan.
Arrivé aux commandes de la Ligue en 2013, Matteo Salvini a repris un parti sécessionniste au bord du gouffre (il était à 4% des voix) et l'a transformé en une formation nationaliste triomphante avec un slogan, "Les Italiens d'abord !".
Oubliés les propos méprisants contre les méridionaux dont Matteo Salvini, en 2009, raillait les mauvaises odeurs... Dimanche à Pontida, les sympathisants de la Ligue viendront par centaines de Campanie, de Calabre ou de Sicile.
fio/ob/lpt/ple
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