Les manifestants demandent également que justice soit faite après la mort d'une vingtaine de mineurs, parmi les 220 victimes de la répression de la vague de contestation.
A Managua samedi, "un jeune de 23 ans est mort (...) et nous avons été informés que 11 personnes ont été blessées, parmi lesquelles une fillette dont le crâne a été éraflé par une balle", a déclaré le secrétaire de la Commission permanente des droits de l'homme (CPDH, une ONG locale), Marco Carmona, sur la chaîne de télévision 100% Noticias.
Des hommes armés ont tiré sur un groupe de manifestants passant à proximité d'une propriété du sud-ouest de Managua, occupée par un groupe paramilitaire, avait auparavant dit à l'AFP Vilma Nunez, une responsable de l'ONG Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh).
Le deuxième mort est un homme tué par balles sur une barricade montée par des étudiants près de l'université, sur laquelle des coups de feu ont été tirés au début de la marche.
Un précédent bilan faisait état de six blessés par balles lors de cet incident.
Luis Ortiz, le père du jeune homme de 23 ans tué --il vendait des guirlandes dans la manifestation--, a déclaré sur 100% Noticias être un ancien combattant sandiniste.
"Jamais je n'aurais pensé que mon fils mourrait des mains de ceux avec qui j'ai tant lutté (...) Je suis sandiniste, mais pas +danieliste+", a-t-il lancé, en référence au prénom du président Daniel Ortega, ancien dirigeant de la guérilla sandiniste.
La "Marche des Fleurs" est la première manifestation de masse depuis celle organisée le 30 mai à l'occasion de la Fête des mères en solidarité avec les parents des enfants et adolescents tués par les forces de l'ordre, qui avait été violemment réprimée et au cours de laquelle 18 personnes avaient été tuées.
"Je suis ici parce que je veux que le Nicaragua, mon Nicaragua, soit libre. Cela fait mal de savoir que des enfants comme moi sont morts, mais nous devons continuer à nous battre pour le départ du dictateur", a déclaré à l'AFP un jeune de 15 ans, le visage masqué, tenant dans une main un drapeau nicaraguayen et de l'autre un mortier artisanal, à Managua.
Des manifestations ont aussi eu lieu à Leon (nord) et à Masaya (sud), à l'appel de l'Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie, qui regroupe des étudiants, des chefs d'entreprise et des représentants de la société civile.
Spirale de la violence
"J'ai des enfants et des petits-enfants et ça me fait mal de penser qu'il pourrait leur arriver quelque chose. C'est pour ça que je suis ici", a témoigné Luz Marina, 78 ans, défilant en fauteuil roulant.
Le Nicaragua est secoué depuis le 18 avril par une vague de protestation d'une ampleur inédite depuis des décennies, les manifestants exigeant le départ du président Daniel Ortega et de sa femme Rosario Murillo, vice-présidente, accusés de confisquer le pouvoir et brider les libertés.
Le pays s'enfonce dans une spirale de violence, avec une recrudescence des combats de rue entre milices paramilitaires et opposants au régime de Daniel Ortega
Cet ancien guérillero de gauche qui a renversé en 1979 la dictature d'Anastasio Somoza, aujourd'hui âgé de 72 ans, dirige le Nicaragua depuis 2007, après un premier passage au pouvoir de 1979 à 1990.
Plusieurs décès d'enfants en marge ou lors des manifestations ont choqué le pays, en particulier celui d'un bébé de cinq mois dans l'incendie de son domicile et celui d'un bébé d'un an, tué d'une balle dans la tête dans une rue de la capitale, deux morts dont la responsabilité a été imputée par leurs familles aux forces gouvernementales.
"Ils veulent nous faire taire avec des balles. Nous dénonçons le massacre du peuple nicaraguayen par ce gouvernement génocidaire", a déclaré Carmen Martinez, une avocate de 64 ans vêtue de blanc et de bleu avec des fleurs rouges dans les mains.
Le dialogue entre le gouvernement et l'Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie, avec la médiation de l'Eglise catholique, a repris lundi, mais il est enlisé, Daniel Ortega, dont le troisième mandat consécutif se termine en janvier 2022, se refusant à avancer à 2019 la prochaine présidentielle prévue en 2021.
Les autorités dénoncent les manifestations et la demande de démission d'Ortega comme une "tentative de coup d'Etat" soutenue par les Etats-Unis.
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