Ce chef d'entreprise né en 1947 et cette femme née en 1962 sont mis en examen pour "association de malfaiteurs terroristes", ainsi que pour "infraction à la législation sur les explosifs" et "menace de destruction par un moyen dangereux" à chaque fois en relation avec une entreprise terroriste, a-t-on appris samedi de source judiciaire.
Lui a été placé sous mandat de dépôt et elle sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet.
Selon une source proche de l'enquête, ils ont tous les deux reconnu les faits au cours de leur garde à vue.
Un autre homme, interpellé mardi matin lui aussi, avait été relâché jeudi, sans faire l'objet de poursuites.
Cette affaire avait connu une avancée inattendue avec ces trois arrestations menées par la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire, dans l'Yonne, le Loiret et la Seine-et-Marne.
Elles avaient eu lieu sur commission rogatoire d'un juge d'instruction, en charge d'une information judiciaire ouverte à Paris le 18 février 2004.
Ce dossier, qui a défrayé la chronique fin 2003 et début 2004, avait initialement été confié aux juges antiterroristes Jean-Louis Bruguière et Philippe Coirre.
Ce sont "des signalements remontant à quelques mois" qui ont permis de faire rebondir l'enquête, selon une source proche du dossier, alors que les personnes interpelées s'étaient connues en travaillant dans la même entreprise.
"Suzy" et "Mon gros loup"
Les enquêteurs ont également pu faire un lien entre l'ADN d'un des suspects et celui retrouvé sur le carton contenant la bombe artisanale découverte il y a 14 ans, avait indiqué jeudi une autre source proche du dossier.
Le groupe "AZF" s'était fait connaître lorsqu'il avait affirmé avoir posé une "série de bombes" sur des voies ferrées et menacé de les faire exploser, s'il n'obtenait pas une forte rançon, de 4 millions de dollars et 1 million d'euros.
Les menaces avaient été prises très au sérieux à l'Elysée et au ministère de l'Intérieur, qui avaient reçu plusieurs lettres signées "AZF", sans explicatif du sigle mais pouvant faire référence à l'usine ayant explosé le 21 septembre 2001 à Toulouse.
Sur les indications du groupe, les autorités avaient retrouvé en février 2004, à Folles (Haute-Vienne), un engin explosif sophistiqué placé sous le ballast de la ligne Paris-Toulouse.
Une inspection de 32.500 kilomètres de voies ferrées françaises avait ensuite été réalisée par quelque 10.000 cheminots, sans détecter la moindre anomalie.
Après cette vaste opération, le ministre de la Justice de l'époque, Dominique Perben, avait estimé que le chantage du groupe relevait de la "crapulerie".
L'affaire avait également été marquée par la rocambolesque correspondance, via la rubrique "Messages personnels" du quotidien Libération, entre "Mon gros loup" (AZF) et "Suzy" (police) afin d'organiser la remise d'une rançon.
Le 1er mars, une femme avait indiqué par téléphone un emplacement aux environs de l'aéroport de Montargis (Loiret) où celle-ci devait être larguée par hélicoptère mais la transaction échoua.
Après l'échec de cette remise et la découverte d'une autre bombe sur la ligne Paris-Troyes-Bâle qui, selon le ministère de l'Intérieur, ne correspondait pas aux engins du groupe AZF, celui-ci avait annoncé le 25 mars 2004 la suspension de ses actions.
Le groupe s'était qualifié dans un courrier de "groupe de pression à caractère terroriste", et avait dénoncé notamment des "politiciens davantage occupés d'eux-mêmes que de l'Etat".
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