Le 6 mars 1963, John Coltrane et les musiciens de son célèbre quartette --le pianiste McCoy Tyner, le contrebassiste Jimmy Garrison et le batteur Elvin Jones-- entrent dans les studios de Rudy Van Gelder, légendaire ingénieur du son et producteur du label Blue Note.
Ils vont y rester toute une après-midi à l'issue de laquelle John Coltrane repartira avec une bande de l'enregistrement, le master ayant disparu, pour le faire écouter à Naïma, son épouse. Depuis, plus de nouvelles, jusqu'à aujourd'hui.
"Nous n'avons pas affaire à des fonds de tiroirs", affirme Alex Dutilh. "Il s'agit là d'une séance qui était, je pense, conçue pour faire un album. La durée des plages correspond à la durée d'un vinyle. On est dans la configuration d'une séance d'enregistrement classique", explique-il.
"C'est comme si l'on découvrait une nouvelle pièce dans la grande pyramide". Cette phrase, qui figure sur le livret du disque, inespéré et inattendu, prend encore plus d'acuité lorsqu'on sait que Sonny Rollins en est l'auteur. Sonny Rollins qui, au début des années soixante, était l'autre "géant" du saxophone avec John Coltrane.
"Both directions at once" (Universal/Impulse!) est une perle rare, et sa publication est aussi importante dans les cercles du jazz que celle d'un nouvel album de Jimmy Hendrix dans l'univers du rock.
"C'est John Coltrane, qui a les mêmes initiales que Jésus Christ. Donc un geste anodin de John Coltrane est très au-dessus du lot du commun des mortels", estime Alex Dutilh, producteur de l'émission quotidienne Open Jazz sur France Musique.
Le disque contient en outre deux compositions inconnues. John Coltrane ne leur avait pas donné de titre, et elles sont répertoriées dans le disque avec des numéros.
Plus important encore, lors de ces sessions, John Coltrane explore, à une période charnière de sa carrière où il est prêt à basculer dans le free jazz dont il est devenu l'apôtre, plusieurs directions.
"Il y a d'un côté l'attachement de Coltrane au blues et à un cadre de jazz assez traditionnel, et en même temps, quand il traite ces formes-là, il fait tout pour secouer la porte, casser le mur, le dilater", analyse Alex Dutilh. "Et on entend ce déchirement dans ce disque-là".
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