"Les seuls composantes sur lesquelles les Etats européens semblent s'être mis d'accord sont, d'une part, le blocage des personnes aux portes de l'Europe, quelle que soit leur vulnérabilité et les horreurs qu'ils fuient, et d'autre part, la diabolisation des opérations non gouvernementales de recherche et de sauvetage", a déclaré à l'AFP la responsable des urgences pour MSF, Karline Kleijer.
"Sans sourciller, ils ont formalisé (...) l'utilisation des garde-côtes libyennes pour intercepter les gens et les renvoyer en Libye, tout en sachant que cela revenait à les condamner à la détention arbitraire et aux abus de toutes sortes", a-t-elle ajouté.
Mme Kleijer a jugé que ces actions empêchent MSF "de faire le travail que les gouvernements de l'UE refusent de prendre en charge tout en déshumanisant les personnes dans le besoin".
"Sur eux pèsera la responsabilité de chaque mort qui en résultera", a-t-elle conclu.
Le compromis européen, conclu à 04H30 du matin (02H30 GMT) après neuf heures de discussions, propose une "nouvelle approche" avec la création de "plateformes de débarquements" de migrants en dehors de l'UE pour dissuader les traversées de la Méditerranée.
Pour les migrants secourus dans les eaux européennes, des "centres contrôlés" sont proposés, que les Etats membres mettraient en place "sur une base volontaire", et d'où une distinction serait faite "rapidement" entre migrants irréguliers à expulser et demandeurs d'asile légitimes, qui pourraient être répartis dans l'UE, là aussi "sur une base volontaire".
Un avertissement est en outre lancé aux ONG. "Tous les vaisseaux opérant en Méditerranée doivent respecter les lois applicables et ne pas obstruer les opérations des gades-côtes libyens".
Toutefois, de premiers doutes commençaient à émerger sur l'accord, certains pays de l'UE se montrant déjà peu enclins à faire preuve de solidarité quant à la prise en charge des arrivants réclamée par l'Italie, qui avait menacé de faire capoter le sommet.
Selon MSF, les politiques mises en place jusqu'à présent par les gouvernements européens "condamnent les gens à être enfermés en Libye ou à se noyer en mer".
La semaine dernière a été la plus meurtrière de l'année en Méditerranée, puisqu'au moins 220 personnes se sont noyées, selon MSF.
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