De 10H à 18H vendredi et samedi, des milliers de personnes vont pouvoir descendre dans la crypte de ce lieu de mémoire du génocide des juifs pour se recueillir devant le cercueil de Simone Veil, morte il y a un an presque jour pour jour, et de son époux décédé en 2013.
Le 30 juin 2017, les Français apprenaient avec émotion le décès, à 89 ans, de l'une de leurs personnalités préférées, ancienne déportée, ministre de la Santé et présidente du Parlement européen.
L'icône du combat pour la mémoire de la Shoah, de la réconciliation européenne et de la lutte pour les droits des femmes entrera dimanche au Panthéon, la nécropole laïque des "grands hommes".
Elle n'y reposera pas seule puisque le président Emmanuel Macron a accepté que son époux, l'avocat Antoine Veil, soit à ses côtés, ce qui fera d'eux le troisième couple à être inhumé au Panthéon.
Exhumés du cimetière Montparnasse, les cercueils de ces époux fusionnels ont été acheminés au Mémorial de la Shoah, situé dans un quartier juif historique au coeur de Paris (IVe arrondissement), pour y être exposés sous la surveillance de deux gardes républicains.
"Simone Veil avait un lien très fort à ce lieu qu'elle a contribué à bâtir", fait-on valoir au mémorial, où l'on précise que cet hommage à la fois public et intime est un choix de la famille des défunts.
Membre fondateur de ce centre de documentation, Simone Veil avait aussi été la première présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah de 2001 à 2007.
Une "flamme éternelle" brûle au centre d'une grande étoile de David en marbre noir dans la crypte qui accueille les deux cercueils et qui tient lieu de tombeau symbolique aux six millions de juifs morts sans sépulture durant la Seconde Guerre mondiale.
Simone Veil y a perdu ses parents et son frère. Elle avait été déportée à Auschwitz à 16 ans par le convoi n°71 du 13 avril 1944, parmi 1.500 juifs dont les noms seront égrenés vendredi et samedi.
Cérémonie forte en symboles
Dimanche matin, le cortège funèbre traversera la Seine et le Quartier latin. Puis, portés à l'épaule, les cercueils remonteront la rue Soufflot jusqu'au Panthéon sur une moquette bleue, "couleur de la paix, de l'ONU et bien sûr de l'Europe", selon l'Elysée. Il s'arrêtera à trois reprises pour des chants, dont celui "des marais" ou "des Déportés".
Pour l'occasion, une cérémonie solennelle forte en symboles a été préparée. Elle rassemblera un millier d'invités, dont les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, les membres du gouvernement et de nombreux élus.
Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, prononcera en fin de matinée un discours d'une quinzaine de minutes avant une minute de silence et une Marseillaise chantée par Barbara Hendricks.
L'imposant portail s'ouvrira alors pour laisser entrer Simone et Antoine Veil, dont les cercueils seront exposés jusqu'à lundi. Ils seront alors descendus, en présence de la famille, dans la crypte où ils reposeront à proximité de Jean Moulin, André Malraux et Jean Monnet, le "père de l'Europe".
L'entrée au Panthéon est "un immense honneur", a reconnu l'un de ses fils, Pierre-François Veil. Mais c'est aussi "un second arrachement" parce que "nous devons désormais partager notre mère" et que "le Panthéon et sa crypte n'incitent guère à la conversation intime".
Lors de l'hommage aux Invalides en juillet 2017, Emmanuel Macron avait salué les "combats du siècle" menés par Simone Veil. Notamment sa "bataille pour que cessent les conditions sordides et meurtrières dans lesquelles se déroulaient les avortements" lorsque, ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing, elle avait porté en 1974 la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
"Vous avez, madame, prodigué à notre vieille Nation des dons qui l'ont faite meilleure et plus belle", avait résumé le chef de l'Etat.
Simone Veil est la cinquième femme à être inhumée au Panthéon, qui sera exceptionnellement ouvert gratuitement du 1er au 8 juillet.
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