"Écœurés", "On est quatre", "Y a plus de CRS que de manifestants…" La déception se fait entendre parmi les manifestants rassemblés cour Clemenceau à Rouen (Seine-Maritime), jeudi 28 juin 2018. Il faut dire qu'ils sont peu nombreux - entre 150 et 200 - au départ de ce qui devait être un cortège et qui est finalement devenu deux simples déplacements vers la préfecture : l'un composé de quelques voitures et l'autre à pied, avec une soixantaine de manifestants.
Un nombre qui décroît à mesure que les réformes du gouvernement s'enchaînent. Dans les rangs des syndicats, on cherche des explications, "les vacances" et "les embouteillages". Mais le constat est là : il est de plus en plus difficile de mobiliser et de s'organiser.
Environ 300 devant la préfecture
Mais arrivés devant la préfecture, ils sont rejoints par d'autres groupes et se retrouvent finalement à environ 300, drapeaux à la main et sigle syndical sur le dos mais surtout, les plus motivés sont bien là et pas question de tomber dans le fatalisme.
"Oui ça sert encore à quelque chose de se mobiliser, indique par exemple Arnaud Benoit. C'est la grève qui va créer un rapport de force et si vous ne faites pas pression, vous n'avez pas de possibilité de négocier. Il faut que la mobilisation continue, ce n'est pas parce qu'il y a les vacances scolaires que la lutte s'arrête."
C'est toujours par la lutte qu'on a obtenu quelque chose" - Francine Legrand
C'est l'avis de la plupart des manifestants rencontrés, comme Francine Legrand : "On nous fait croire que ça ne sert plus à rien de se mobiliser mais c'est toujours par la lutte qu'on a obtenu quelque chose, ce n'est pas en restant chez soi ou à son travail." D'autant que la tâche est importante car d'après elle, "on continue à se faire littéralement massacrer. Ça va être sept milliards d'euros d'économies sur les minima sociaux, les retraités vont être de plus en plus pauvres. Les réformes sont en fait la casse de tout un système mis en place par nos aînés."
"On continue la mobilisation parce qu'on n'a pas vraiment le choix en fait, note à son tour Olivier Petit. La motivation vient aussi du fait que l'attaque est violente. On préférerait être chez nous tranquillement et pas à avoir à sortir et être en grève." De nouvelles journées d'actions sont prévues durant l'été.
Ce qui m'inquiète surtout, ce sont les gens qui ne bougent pas, parce que pourtant ce sont les premiers touchés." - Pierre Marie
C'est finalement les actions de la matinée, à l'heure de pointe qui auront fait le plus grand bruit. Dès sept heures, les axes principaux de Rouen étaient embouteillés après des barrages réalisés notamment par des agents du port.
Impossible d'aller travailler. On fait comment? Allez vous laisser longtemps qq personnes bloquer une métropole? Quelles actions mettez vous en place pour faire respecter l'ordre et les libertés de chacun? @PoliceNat76 @Prefet76 @rouen
— TSM (@ThomasLoic) 28 juin 2018
Les manifestants ont essuyé quelques insultes et gestes obscènes de la part d'automobilistes agacés. "Ce qui m'inquiète surtout, ce sont les gens qui ne bougent pas, parce que pourtant ce sont les premiers touchés. Le jour où ça va leur tomber dessus, comment vont-ils faire ? s'interroge Pierre Marie. Il faut donc continuer à bouger et le faire avec toutes les couches de la population."
"Beaucoup de gens ne s'informent plus, complète Francine Legrand. Ils voient des choses sur les réseaux sociaux mais ne bougent pas, ça les absout de toute révolte." Or, "ce n'est pas dans 20 ans qu'il faudra pleurer", conclut Arnaud Benoit.
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