. "La junte" et les "bien-pensants"
"L'Argentine jouait à domicile et ce n'était pas évident pour nous. Car en vertu du contexte, avec la junte dirigée par le général Videla, les Argentins devaient absolument gagner la Coupe du monde chez eux. Il y avait beaucoup de pression", se souvient l'ancien attaquant Bernard Lacombe, interrogé par l'AFP.
Avant leur départ pour l'Argentine, les Bleus sont interpellés par des intellectuels et des militants de la société civile, qui réclament un boycott de la compétition pour dénoncer le régime argentin.
"J'ai eu du mal à comprendre", confesse aujourd'hui encore le défenseur Marius Trésor. "Amnesty International a voulu mélanger politique et sport et ne voulait pas qu'on y aille. Mais la France n'avait pas participé à cette compétition depuis 1966. On avait tout fait pour y arriver!"
"Les bien-pensants donnent toujours des leçons", lance à l'AFP Dominique Bathenay, l'ancien attaquant de Saint-Etienne. "C'est tout juste si nous devions refuser d'aller jouer en Argentine. Les sportifs sont toujours pris en otage".
. L'ambiance du "Monumental"
Les Bleus démarrent le Mondial-78 par une défaite contre l'Italie (2-1) et sont contraints de faire un résultat contre l'Argentine s'ils veulent poursuivre l'aventure. Quand ils arrivent sur la pelouse, ils sont ébahis par l'ambiance dans le stade Monumental de Buenos Aires et les fameux "papelitos", des gros confettis de papiers lancés par les supporters argentins.
"Je me souviens de notre entrée sur le terrain. Il y avait une trappe pour accéder au terrain et un type avait ouvert le volet pour nous laisser passer. 100.000 spectateurs, avec les papelitos. Ils étaient en transe. Le stade semblait bouger et cela donnait des frissons", raconte Bernard Lacombe.
"L'ambiance dans le stade Monumental a été la plus forte que j'ai pu ressentir avec celle d'un match de Bordeaux à la Juventus en 1985 (demi-finale de Coupe d'Europe). Il y avait une communion incroyable entre le public et son équipe", poursuit-il.
"C'est un des plus beaux souvenirs visuels de ma longue carrière", abonde l'ailier gauche Didier Six toujours auprès de l'AFP. "Quand on rentre sur le terrain, avec les tribunes au-dessus de nous, tous ces papiers qui descendaient sur le terrain, c'était extraordinaire".
. Arbitrage maison ?
Le match est très disputé, mais juste avant la pause, survient le penalty de la discorde. Marius Trésor s'en souvient comme si c'était hier. "C'est un long ballon dans la profondeur pour (l'Argentin Leopoldo) Luque, sur son côté gauche, mon côté droit, je me jette, il loupe sa frappe. Le ballon me passe entre les jambes et je le touche de la main en tombant par terre".
"C'était le pays organisateur, les arbitres n'étaient pas totalement neutres", affirme-t-il à l'AFP. "A aucun moment, il n'y avait intention de faire une main et derrière moi il n'y avait pas un Argentin. Ce n'était pas une annihilation d'une occasion de but. L'arbitre suisse a d'abord sifflé un corner et puis il est revenu sur sa décision..."
Daniel Passarella transforme le penalty et donne l'avantage aux Argentins. Mais les Français s'accrochent et reviennent au score grâce à Michel Platini, avant le coup de grâce de Luque qui marque à un quart d'heure de la fin et élimine les Bleus.
Didier Six avait pourtant eu la balle du 2-1: "J'en ai une en milieu de deuxième mi-temps, qui passe juste à l'extérieur du poteau, la même action que le France-Hollande pour la qualification, en Argentine elle passe à droite, contre la Hollande elle passe à gauche et elle rentre".
"Nous avons perdu et c'est vrai qu'il y avait eu un peu d'injustice notamment sur le penalty mais nous avions livré un grand match", dit Bernard Lacombe.
Marius Trésor est moins enthousiaste: "Les performances n'ont pas été extraordinaires par la suite, puisqu'on ne s'est pas qualifiés pour le Championnat d'Europe" de 1980.
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