"Je pense que le navire va rejoindre nos côtes ce soir", a dit M. Muscat en conférence de presse à La Valette.
Le temps pressait pour le navire battant pavillon néerlandais, en quête d'un port d'accueil depuis six jours en Méditerranée. Il avait renouvelé dans la nuit de mardi à mercredi sa demande d'entrer à Malte et fait savoir que "de nombreuses personnes à bord souffrent de mal de mer" et que trois se trouvent dans son hôpital.
"Des procédures d'identification et de redistribution des personnes parmi les Etats membres (de l'UE, ndlr) seront engagées en garantissant les soins médicaux nécessaires", a poursuivi M. Muscat.
Au total huit pays européens accueilleront les migrants -- Malte, Italie, France, Espagne, Portugal, Luxembourg, Belgique et Pays-Bas.
Le Premier ministre maltais a précisé que le navire serait mis sous séquestre à son arrivée pour les besoins de l'enquête, estimant que son capitaine "a violé les lois internationales".
"La situation a été causée par les décisions du capitaine du navire qui a agi contre les loi internationales et ignoré les directives des autorités italiennes", a assuré M. Muscat.
Naviguant jusqu'ici dans les eaux internationales, le Lifeline avait été autorisé en matinée "à entrer dans les eaux maltaises pour se protéger du vent", avait indiqué l'ONG plus tôt dans la journée.
La décision de faire accoster à Malte la navire humanitaire a été annoncée mardi par l'Italie et la France.
Une solution décidée, selon la presse italienne, lors de la rencontre discrète, lundi soir à Rome, du président français Emmanuel Macron avec le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, le tout en concertation avec diverses chancelleries européennes.
"Nous avons cherché cette solution, l'idée a été proposée ce dimanche sous l'autorité du président (de la Commission européenne) Juncker", a précisé M. Muscat pour sa part.
'Cynisme terrible'
Alors que le dossier des migrants empoisonne les relations entre Paris et Rome, M. Macron, venu mardi rencontrer le pape au Vatican, a semblé jouer l'apaisement en acceptant que son pays accueille une partie des migrants du Lifeline.
M. Macron a même rejoint mardi certaines critiques de Rome sur le rôle des ONG en Méditerranée. Pour lui, l'ONG allemande Lifeline "est intervenue en contravention de toutes les règles", en refusant d'accepter de remettre aux garde-côtes libyens les migrants secourus. A la fin, "on fait le jeu des passeurs (...). C'est d'un cynisme terrible", a poursuivi le président français.
"Il est important de souligner que le seul ordre auquel le bateau a refusé d'obéir est celui de remettre ces personnes aux prétendus garde-côtes libyens car cela aurait été en contravention avec la Convention de Genève sur les réfugiés et donc criminel," a réagi l'ONG dans un communiqué.
Selon elle, obéir à l'ordre reçu de "débarquer à Tripoli aurait constitué une violation du principe de non-refoulement".
Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, qui est aussi le chef de file de la Ligue (extrême droite), s'est de son côté réjoui de ce qu'il considère comme une nouvelle victoire.
Propositions de l'Italie
Après l'annonce de M. Muscat, Matteo Salvini, également vice-Premier ministre italien, s'est félicité d'"un autre succès du gouvernement italien".
"Le navire hors-la-loi arrivera à Malte et y sera bloqué pour enquête. Un autre succès du gouvernement italien: après des années de paroles, les faits arrivent en un mois", a-t-il écrit sur Twitter, faisant aussi allusion au navire Aquarius auquel les ports italiens ont été fermés et qui est finalement arrivé en Espagne avec ses plus de 600 migrants à bord.
L'Italie, qui a vu débarquer quelque 700.000 migrants sur ses côtes depuis 2013, estime ne pas avoir été suffisamment soutenu par ses partenaires européens sur la question migratoire. M. Conte a confirmé mercredi devant les députés qu'il présenterait jeudi au Conseil européen de Bruxelles une série de propositions.
Parmi elles figurent le renforcement des frontières extérieures européennes, l'affirmation du principe selon lequel les navires qui abordent sur les côtes italiennes arrivent dans l'UE, la création de centres de protection dans les pays de transit.
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