Le président républicain Donald Trump avait pourtant obtenu mardi une victoire importante après des mois de contentieux judiciaire quand la Cour Suprême a validé son décret migratoire controversé visant les citoyens de six pays à majorité musulmane.
Mais sa politique de "tolérance zéro" face à l'immigration clandestine, contre laquelle près de 20 Etats américains progressistes viennent par ailleurs de porter plainte, est sous pression depuis plusieurs jours.
Selon la décision du tribunal de San Diego, les parents doivent, sauf s'ils présentent un danger pour leurs enfants, être réunis avec eux sous 14 jours pour les moins de cinq ans et sous trente jours pour tous les autres. La décision demande au gouvernement fédéral de "faire face aux circonstances chaotiques qu'il a créées".
La plainte avait été déposée par l'association de défense des droits civiques ACLU au nom de migrants anonymes contre la police de l'immigration (ICE), à qui le juge Dana Sabraw demande également de "tout faire pour faciliter la communication" entre les familles séparées et de leur permettre de se parler sous dix jours.
L'ACLU s'est réjouie dans un communiqué et sur Twitter d'une "énorme victoire pour les parents et les enfants qui pensaient qu'ils n'allaient jamais se revoir", ajoutant qu' "il va y avoir des larmes (de joie) dans les centres de détention partout dans le pays".
Depuis le mois de mai, les poursuites systématiques engagées contre les parents traversant la frontière avec leurs enfants avaient abouti à la séparation de plus de 2.300 mineurs, provoquant un tollé aux Etats-Unis et à l'étranger.
Conditions "inhumaines"
D'autres plaintes déposées au nom de migrants mardi mettent en cause le "traumatisme" de la séparation des parents et enfants et dénoncent des conditions "inhumaines" de détention dans les centres de l'ICE.
La semaine dernière, face au tollé jusque dans les rangs de son parti républicain et à l'Onu, Donald Trump avait signé un décret suspendant la séparation des parents et enfants entrés ensemble aux Etats-Unis ces dernières semaines, en grande partie des demandeurs d'asile fuyant la violence et la pauvreté en Amérique centrale.
Mardi, l'administration Trump avait aussi de facto suspendu les poursuites contre les familles arrêtées à la frontière mexicaine, faute de place pour les détenir.
Ce nouveau barrage à la politique anti-immigration du gouvernement fédéral vient une fois encore de Californie, bastion démocrate.
Sacramento est notamment poursuivi par le département de la Justice pour s'être proclamé Etat "sanctuaire": sa police a pour instruction de ne pas collaborer avec la police de l'immigration fédérale pour les sans-papiers n'ayant pas commis de crimes violents.
Le ministre de la Justice Jeff Sessions se trouvait mardi à Los Angeles pour prononcer un discours devant la Fondation pour la justice pénale. Il a réitéré la position de l'administration, affirmant que les forces de l'ordre "sont trop souvent forcées de relâcher des étrangers criminels dans notre communauté", que ce soit "des pédophiles, violeurs, meurtriers, trafiquants de drogue, incendiaires".
Il a rappelé que le locataire de la Maison Blanche avait proposé aux démocrates du Congrès, en vain, de donner un statut aux jeunes sans-papiers entrés sur le territoire américain avec leurs parents lorsqu'ils étaient enfants, en échange des moyens pour construire un mur à la frontière sud, l'une des ses principales promesses de campagne.
Quelque 200 manifestants, dont beaucoup de membres du clergé catholique et de militants pour les droits des immigrés, ont protesté contre la venue de M. Sessions. Une vingtaine a été arrêtée pour ne pas avoir obéi aux ordres de dispersion de la police.
Hannah Hanmer, mère de 26 ans accompagnée de son nourrisson, a dit à l'AFP qu'en tant que "chrétiens nous croyons à la dignité pour tous et ce gouvernement prend beaucoup de mesures pour la retirer aux migrants".
"En tant que parent, je peux imaginer la douleur d'être séparée de son enfant", a-t-elle ajouté.
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