Le président américain a dû reculer sur sa mesure phare contre les arrivées de migrants d'Amérique centrale. Les poursuites systématiques engagées contre les parents traversant la frontière avec leurs enfants avaient abouti à la séparation de plus de 2.300 mineurs, provoquant un tollé.
Le jugement de la Cour suprême, pris à la majorité de cinq juges conservateurs, met fin à plusieurs mois de bataille judiciaire et entérine l'interdiction permanente d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de six pays, pour la plupart à majorité musulmane.
M. Trump a salué "une fantastique victoire" après "des mois d'hystérie" de la part des médias et des démocrates, en promettant de défendre "la souveraineté et la sécurité du peuple américain".
"Justification suffisante"
Pour la haute cour, le président n'a fait qu'user de façon légitime de ses prérogatives en matière d'immigration et "l'Etat a mis en avant une justification suffisante en termes de sécurité nationale".
Le texte est la troisième mouture d'un décret qui avait provoqué l'indignation internationale en entrant en vigueur en janvier 2017, une semaine après l'entrée en fonction de M. Trump.
Cette dernière version ferme les frontières américaines à environ 150 millions de personnes, ressortissantes des pays suivants: Yémen, Syrie, Libye, Iran, Somalie et Corée du Nord. Elle bloque aussi l'entrée de certains responsables gouvernementaux du Venezuela.
Les opposants au texte dénonçaient un "décret antimusulman" alors que la Constitution interdit la discrimination religieuse, une thèse vivement combattue par le gouvernement.
"Un observateur raisonnable conclurait que le décret était motivé par un préjugé antimusulman", a d'ailleurs écrit la juge Sonia Sotomayor, parmi les quatre progressistes, dans un argumentaire de désaccord joint à l'arrêt.
Donald Trump avait justifié son décret par des impératifs de sécurité nationale, martelant qu'il visait à empêcher l'entrée de "terroristes étrangers".
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les attaques les plus graves aux Etats-Unis ont pourtant été commises soit par des Américains, soit par des personnes ne venant pas des pays visés par le décret.
Cette décision "s'inscrira dans l'Histoire comme l'une des plus grandes erreurs de la Cour suprême", a estimé Omar Jadwat, de l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), qui avait appelé à une manifestation devant le siège de la Cour.
A Los Angeles, quelque 200 personnes, membres d'églises ou d'organisations catholiques et d'associations de défense des immigrés, ont manifesté contre la venue du ministre de la Justice, Jeff Sessions.
"Sessions as-tu un coeur?", scandait la foule, alors que la Californie, bastion démocrate, est fustigée par les conservateurs pour gêner les arrestations de clandestins.
Vote à la Chambre
La "tolérance zéro" à la frontière était destinée à décourager les clandestins mais, face au choc provoqué par les images d'enfants en pleurs, le président a ordonné la semaine dernière l'abandon de la mesure de séparation des familles. De nombreux mineurs restent éloignés de leurs proches, le flou régnant sur le calendrier et les modalités d'éventuelles retrouvailles.
La police aux frontières (CBP) a aussi admis lundi que les poursuites étaient momentanément suspendues contre les migrants venus avec leurs enfants, faute de lieux pour détenir les familles.
Les adultes traversant illégalement la frontière sans enfants seront toujours poursuivis, a précisé un responsable du CBP.
M. Trump souhaite toutefois que les clandestins arrêtés à la frontière soient expulsés "immédiatement" sans passer devant un juge.
En outre, les procureurs généraux de 18 Etats américains ont porté plainte, affirmant que cette séparation est "inhumaine, déraisonnable et illégale".
Des mères demandant l'asile politique ont aussi déposé plainte, affirmant avoir été séparées "de force de leurs enfants" ont décrit les conditions "inhumaines" dans les centres de la police de l'immigration (ICE).
L'une d'elles "ne savait pas où sa fille allait ou si et quand elle allait la revoir", selon la plainte.
La porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders a de son côté affirmé lundi que la "tolérance zéro" restait en vigueur.
"Nous ne changeons pas de politique (...), nous manquons simplement de ressources", a-t-elle dit, alors que l'armée a été appelée à l'aide pour héberger les migrants.
Au final, la question doit être réglée par le Congrès, qui restait mardi embourbé dans ses tractations. La Chambre des représentants doit voter mercredi sur une réforme de l'immigration censée mettre un terme définitif aux séparations, en autorisant le maintien des familles de migrants en centre de rétention pendant la procédure judiciaire.
Mais celle-ci semblait vouée à l'échec malgré une majorité républicaine, faute de consensus entre son aile conservatrice et modérée. Un autre texte, portant uniquement sur la fin des séparations, pourrait aussi être proposé mais l'opposition démocrate dénonce la perspective de détentions "indéfinies" pour les familles.
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