La Cie Catherine Delattres interprète Oncle Vania, la fameuse pièce d'Anton Tchekhov, dans le cadre exceptionnel de l'Orangerie du jardin des plantes de Rouen du vendredi 29 juin au lundi 9 juillet 2018. Oncle Vania est un vieux garçon qui vit dans une propriété retirée avec sa mère et sa nièce. Quand la nouvelle femme de son ex-beau frère arrive, aussi belle que jeune, il réalise qu'il a gâché sa vie. En crise existentielle, Oncle Vania n'en est pas moins riche en humour car même dans sa souffrance, il reste pitoyable. La metteuse en scène, Catherine Delattres nous explique les tenants et les aboutissants de cette pièce :
Qu'est-ce qui vous séduit chez Tchekhov ?
"J'ai toujours eu une forte admiration pour cet auteur. C'est la troisième pièce de sa tétralogie que je monte, après La Cerisaie et Les Trois sœurs. Ce qui me plaît, c'est que Tchekhov crée des univers qui se répondent de pièces en pièces, des personnages et des situations de famille qui se font écho. Ce sont souvent des gens qui vivent isolés dans une propriété et Tchekhov aborde en particulier les difficultés de la vie de famille et de la relation de couple, les utopies déçues et les espoirs déchus. Les thèmes traités par Tchekhov sont tout à fait intemporels, c'est pourquoi son œuvre reste moderne et touche à l'universel."
Quelle est la place d'Oncle Vania dans cette tétralogie ?
"Oncle Vania est la deuxième pièce de cette tétralogie. Je n'ai pas choisi de respecter une chronologie quand j'ai précédemment monté des pièces de Tchekhov car toutes peuvent se lire indépendamment. Mais Oncle Vania a une place particulière dans cette série. Il n'y a pas de vrai drame, par exemple pas de mort comme dans La mouette, mais c'est une pièce empreinte d'une très grande mélancolie. Le temps d'un été, la vie d'une famille est complètement bouleversée par l'arrivée de la jeune et séduisante épouse de Sérébriakov. Sa seule présence révèle de nombreuses frustrations et des passions inassouvies et entraîne une remise en question d'Oncle Vania."
Comment l'humour s'exprime dans Oncle Vania ?
"Par l'introduction de personnages décalés. C'est un classique chez Tchekhov. Lui, parle des hommes 'à côté' ou 'de trop'. C'est un personnage toujours à part qui, au milieu d'un moment passionné ou douloureux, désamorce l'émotion par une pirouette. C'est une façon pour Tchekhov de ne pas rester dans le pathos. Dans Oncle Vania, c'est Téléguine qui a ce rôle. C'est un parasite qui vit au crochet de la famille de Vania, un homme à tout faire qui n'a pas de vie personnelle et qui se retrouve au cœur des évènements malgré lui."
Quels ont été vos choix de mise en scène ?
"Nous jouons pour la première fois à l'Orangerie, auparavant nous jouions l'été en plein air à l'aître Saint-Maclou mais puisque l'aître est en travaux il nous fallait trouver un nouveau lieu. Or, les contraintes spatiales m'ont donné l'idée de créer une scène quadrifrontale. Les spectateurs entourent la table de la salle à manger familiale, ils sont installés sur des gradins tout autour. Cela permet une plus grande proximité avec les acteurs. Le spectateur est ainsi plus facilement impliqué dans cette histoire."
Quelle adaptation de la pièce proposez-vous ?
"Marina Mercot nous a fourni une nouvelle traduction de la pièce. Nous avons donc choisi de supprimer quelques expressions trop rustres et nous avons également modifié quelques tournures. Mais nous avons pris également un peu de liberté en ajoutant au texte quelques chansons. Tchekhov laissait la liberté aux metteurs en scène d'ajouter des chants slaves ou autre à son texte. La chanson est un complément qui apporte un peu de rêve et de poésie et qui ponctue l'action ou souligne un état d'âme."
Pratique. Du 29 juin au 9 juillet (relâche le 5 juillet) à 21 heures, à l'Orangerie du Jardin des plantes à Rouen. De 6 à 16 €. Tél. 02 35 98 12 34
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