"Tous les indicateurs dont dispose le réseau Loup/Lynx (...) indiquent que l'espèce est en phase d'expansion rapide sur l'ensemble du territoire national", souligne le bilan de suivi hivernal publié lundi par l'Office national de la chasse et la faune sauvage (ONCFS).
A la sortie de l'hiver 2017-2018, l'effectif estimé était d'environ 430 individus (intervalle de prédiction : 387-477), soit un taux de croissance annuel de près de 20%, précise l'Office dans un communiqué.
Avant ce nouveau bilan, l'effectif était évalué fin 2017 à environ 360 individus (292 en 2016).
Quatre mois après la parution du 4e "Plan loup" du gouvernement, très critiqué par les éleveurs d'ovins, ce chiffre était attendu car il devrait permettre d'ajuster le plafond d'abattages annuels autorisés.
Le plafond initial de "tirs de prélèvement" de loups avait été fixé à 40 pour cette année. "Il sera actualisé une fois connus les chiffres de la population au printemps, pour être porté à 10% de la population", annonçait le plan.
+30% de meutes
Jadis présent partout en France avant d'être éradiqué, le loup, revenu naturellement au début des années 1990 par l'Italie, poursuit sa recolonisation, par "taches".
"L'indicateur de tendance démographique confirme la croissance de la population (...) dans la continuité d'une progression démographique sur le long terme et à l'échelle nationale", souligne l'ONCFS.
A l'origine de ce retour, la re-forestation, l'exode rural, l'augmentation des proies, l'adaptabilité d'un animal capable de parcourir de grandes distances, et de strictes mesures de protection (Convention de Berne, directive de l'UE).
En hausse, le nombre de "zones de présence permanente" (ZPP) est passée en France de 57 en sortie d'hiver 2016-2017 à 74 en 2017-2018, soit +30%.
57 de ces zones sont désormais constituées en meutes (à partir de trois individus ou avec une reproduction avérée), contre 42 à l'issue de l'hiver précédent, souligne encore l'ONCFS. La progression du nombre de meutes est de 35% par rapport à l'an dernier.
Il faut y ajouter une quinzaine d'autres ZPP non constituées en meutes (contre 11 au dernier bilan): en général un animal seul ou un couple, souvent sur le front de colonisation.
On les trouve principalement dans les Alpes et jusque dans le Var, mais aussi dans les Pyrénées-Orientales, l'Aveyron, la Lozère ou les Vosges.
Des individus ont aussi été signalés dans la Loire ou même la Somme, mais sans que l'on identifie de présence permanente.
Le réseau Loup/Lynx de l'ONCFS s'est basé pour son évaluation sur plus de 750 indices: empreintes, observations, piégeages photographiques, dépouilles...
Cependant l'animal "n'a pas encore atteint le seuil de viabilité prévu par le Plan Loup, fixé à 500 individus", rappelle l'Office.
Le plan, prévu pour 2018-2023, vise à atteindre cet effectif d'ici 2023.
Les plafonds d'abattage annuels ont été basés sur les recommandations scientifiques, qui estiment qu'il ne faut pas prélever plus de 10 à 12% de l'effectif sous peine de menacer l'espèce.
Ils s'accompagnent d'aides à la protection des troupeaux (chiens, parcs électriques, mesures d'effarouchement "innovantes"...).
Autant de mesures âprement critiquées par les organisations d'éleveurs.
Mélanie Brunet, éleveuse de brebis dans l'Aveyron et co-présidente de la toute nouvelle Fédération nationale de défense du pastoralisme, juge cette estimation de 430 loups "clairement sous-estimée".
"Nous estimons que la France a largement dépassé le seuil des 500 loups, et qu'il faut arrêter la politique actuelle de sur-protection des loups," a-t-elle réagi lundi.
En France, le nombre de brebis attaquées est passé de 1.400 en 2000 à près de 3.000 en 2004, puis environ 10.000 en 2016 et 12.000 en 2017 (sur un cheptel ovin de 7,2 millions de têtes à l'échelle nationale), selon la direction de l'environnement Auvergne-Rhône Alpes.
Créée ce week-end au Mont Lozère, la Fédération de défense du pastoralisme veut unifier les victimes du loup dans les principaux massifs de France.
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