Près de 1.000 migrants ont été secourus dimanche au large de la Libye, a indiqué lundi la marine libyenne. Des images prises au moment de leur débarquement à Tripoli, montrent des centaines d'entre eux, hommes, femmes et enfants, tête baissée ou le visage fermé, visiblement exténués, loin des sourires qu'ils affichent d'ordinaire sur les bateaux qui les transportent vers l'Italie.
Et pour des centaines d'autres migrants, c'était toujours l'attente lundi au large de Malte ou de la Sicile.
Quelque 108 personnes étaient toujours lundi à bord du cargo danois Alexander Maersk à quelques milles nautiques au large du port sicilien de Pozzallo, où l'équipage attendait encore en milieu de journée des ordres de la part des autorités maritimes italiennes sur ce qu'il devait faire de ses passagers.
Situation identique au large de Malte où le navire de l'ONG allemande Lifeline est lui aussi en attente d'ordres avec 234 migrants à son bord.
Ces deux navires sont confrontés au refus de Malte et de l'Italie d'accueillir ces migrants, conformément à la ligne de fermeté adoptée par le gouvernement populiste italien, et son homme fort Matteo Salvini, depuis leur arrivée au pouvoir le 1er juin.
Deux autres navires humanitaires, l'Aquarius des ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) et l'Open Arms de l'ONG espagnole Pro Activa, se trouvaient lundi au large de la Libye mais sans possibilité d'intervenir, faute de demande en ce sens de la part des garde-côtes libyens. Car, ce sont eux désormais qui ont la haute main sur les opérations de secours au large de la Libye, les autorités maritimes italiennes, jusqu'à ce weekend coordinateurs principaux de ces sauvetages, leur ayant cédé cette responsabilité.
"Travail de secours"
"Laissez les autorités libyennes faire leur travail de secours, de récupération et de rapatriement (des migrants) vers leur pays, comme elles l'ont fait depuis quelque temps, sans que les navires des ONG avides ne les gênent ou causent des troubles", a déclaré dimanche M. Salvini.
Ce dernier a effectué lundi une visite éclair à Tripoli où il a rencontré le vice-Premier ministre libyen du Gouvernement d'union nationale (GNA) Ahmed Meitig, et remercié les garde-côtes libyens.
Au cours d'une conférence de presse commune, M. Salvini, qui est aussi le patron de la Ligue (extrême droite), a indiqué que l'Italie allait proposer l'installation de "centres d'accueil et d'identification" au sud de la Libye lors du sommet de l'Union européenne jeudi à Bruxelles.
"Nous soutiendrons, d'un commun accord avec les autorités libyennes, la mise en place de centres d'accueil et d'identification (de migrants) au sud de la Libye, à sa frontière externe, pour l'aider autant que l'Italie à bloquer la migration", a déclaré M. Salvini.
M. Meitig a pour sa part indiqué que son pays "refuse catégoriquement l'installation de camps pour migrants en Libye".
Il a affirmé avoir invité les pays européens de la Méditerranée, par le biais de l'Italie, à participer à un sommet sur l'immigration en septembre à Tripoli.
La question de l'accueil des migrants a été dimanche à Bruxelles le sujet d'un mini-sommet destiné à tenter d'apaiser les tensions au sein de l'Union européenne face au défi migratoire, qui s'est achevé sans avancée concrète.
La France et l'Espagne avaient proposé samedi des "centres fermés" sur les côtes européennes, principalement en Italie, pour gérer les migrants arrivant depuis la mer Méditerranée. Mais M. Salvini avait fustigé cette proposition.
"Des hotspots d'accueil en Italie? Ce serait un problème pour nous et pour la Libye elle-même parce que les flux de la mort ne s'interrompront pas", a indiqué M. Salvini sur son compte Twitter après sa rencontre avec le ministre libyen de l'Intérieur Abdessalam Achour.
"Le seul moyen pour contrecarrer vraiment les intérêts criminels des trafiquants et éviter les voyages de la mort, c'est d'empêcher que les bateaux prennent le large", a-t-il ajouté dans un communiqué.
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