Il s'agit pour l'exécutif français de ne pas laisser tiédir la relation avec la Chine, six mois après la venue d'Emmanuel Macron qui était reparti de Pékin avec une batterie d'engagements, dont celui d'une fin imminente de l'interdiction du bœuf français.
Lointain stigmate de la crise de la vache folle, cet embargo est désormais caduc selon le protocole d'accord signé lundi par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en présence de M. Philippe et son homologue chinois Li Keqiang.
Cet accord est complété par un protocole pour l'exportation de semence bovine française, des agréments pour deux abattoirs porcins (Bigard et Tradival) et deux établissements de lait infantile (Baby Drink et Candia).
Ces partenariats "permettront aux consommateurs chinois d'apprécier l'excellence du terroir français", s'est félicité M. Philippe, quand le président de la filière (Interbev) Dominique Langlois a salué "une très, très grande nouvelle".
"On a déjà des contacts avec des acheteurs chinois en attente", a ajouté M. Langlois en visant un objectif de "30.000 tonnes" par an, qui "serait déjà formidable".
Un vent d'optimisme qui pourrait même être renforcé pour le monde agricole français, à croire M. Li, selon qui "la Chine est prête à ouvrir davantage son marché et importer davantage de produits agroalimentaires adaptés au marché chinois".
Dans la même veine, et alors que Matignon se voulait très prudent sur la question avant de s'envoler pour la Chine, le Premier ministre chinois a donné des nouvelles encourageantes de la méga-commande Airbus (184 avions A320) arrachée in extremis en janvier par M. Macron mais dont l'officialisation se fait attendre.
"Nous sommes prêts à poursuivre nos discussions sur des achats en quantité des avions Airbus, en vue de la signature d'un accord en temps voulu", a-t-il souligné, en insistant sur "l'attitude positive" de la Chine sur la question.
"C'est un des acquis de cette visite", a-t-il renchéri, alors que la Chine est lancée dans une guerre commerciale avec les États-Unis qui pourrait desservir le principal concurrent d'Airbus, Boeing.
"Je me réjouis que la Chine ait confirmé sa volonté forte de concrétiser prochainement les engagements pris en janvier concernant les acquisitions d'Airbus. Et même d'en envisager de nouvelles", a jubilé en écho M. Philippe.
"Poursuivre la conversation"
Au total, 18 accords ont été paraphés lundi, dans les secteurs scientifique, médical, du tourisme ou encore de l'énergie.
Dans le même temps, le groupe nucléaire français Orano a annoncé lundi un accord pour les "travaux préparatoires" de son usine de traitement et recyclage des combustibles usés en Chine, une nouvelle étape vers la finalisation de ce contrat géant.
"Cette visite a permis de réelles avancées dans nos partenariats", a souligné Édouard Philippe, qui avait emmené dans sa délégation une cinquantaine de chefs d'entreprises, dont une petite vingtaine de représentants de start-ups, signe de sa volonté de diversifier les échanges au-delà des grands groupes.
Auparavant, le Premier ministre, dont c'était le premier grand test à l'international, avait été reçu par le président Xi Jinping, afin, a-t-il fait valoir, de "poursuivre la conversation, la discussion, le travail engagé il y a cinq mois par le président de la République".
"Quand vous étiez maire du Havre, vous êtes venu plusieurs fois en Chine", a souligné M. Xi Jinping. "Vous connaissez bien la Chine, c'est favorable à nos échanges dans l'avenir", a-t-il aussi relevé.
M. Philippe, qui se trouvait à Pékin en même temps que le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen avec qui il a eu un échange téléphonique, n'a eu de cesse durant son voyage de plaider pour un "multilatéralisme" rénové, dans un contexte de montée du protectionnisme.
Il a rencontré un écho lundi auprès de l'exécutif chinois, M. Li mettant en avant le nécessaire respect des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et des partenariats "gagnant-gagnant".
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