Ces arrestations menées par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) se sont notamment déroulées en Corse, où deux suspects ont été arrêtés, en région parisienne, dans la Vienne et en Charente-Maritime, a appris l'AFP dimanche de sources concordantes.
Parmi les interpellés figure le chef de file présumé de ce réseau, Guy S., retraité de la police nationale et habitant de Charente-Maritime, selon des sources proches de l'enquête.
Les suspects gravitaient autour d'un mystérieux groupuscule lié à l'ultradroite baptisé "AFO" (Action des Forces Opérationnelles) et dirigé par Guy S. qui "avait la volonté d'en faire un groupe plus dur", a précisé une des sources.
Ils avaient "un projet de passage à l'acte violent, aux contours mal définis à ce stade, ciblant des personnes de confession musulmane", a précisé une autre source proche de l'enquête.
Les surveillances de la DGSI ont révélé qu'"ils étaient en lien pour éventuellement commettre des actions violentes contre des cibles présumées en lien avec l'islam radical", d'après l'une des sources.
Selon TF1-LCI qui a révélé le coup de filet, ils ciblaient notamment des imams radicaux, des détenus islamistes sortant de prison mais aussi des femmes voilées, choisies au hasard dans la rue.
L'enquête devra déterminer le degré d'avancement et de maturité du projet. Comme le prévoient les textes en matière de lutte antiterroriste, les gardes à vue peuvent d'étendre jusqu'à 96 heures.
Dans un tweet, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a salué "l'engagement constant de la DGSI qui veille au quotidien à la protection des Français face à toute action violente, d'où qu'elle vienne".
Résurgence de l'ultradroite
Les investigations ont montré que les membres présumés du réseau "s'étaient organisés et structurés pour confectionner et acquérir des armes", selon l'une des sources. Et différentes perquisitions ont établi que certains suspects en possédaient déjà.
L'opération, fruit "de très nombreuses surveillances" selon le ministère de l'Intérieur, s'est déroulée sur commission rogatoire d'un juge d'instruction antiterroriste parisien saisi d'une information judiciaire pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Ouverte le 14 juin, elle fait suite à l'enquête préliminaire déclenchée par le parquet de Paris le 13 avril "après un important travail de renseignement conduit par la DGSI", a souligné Gérard Collomb dans un communiqué.
Les dossiers judiciaires impliquant la mouvance de l'ultradroite sont rares au sein du pôle antiterroriste de Paris, accaparé depuis 2015 par la menace jihadiste.
En octobre 2017, les services antiterroristes avaient démantelé un groupuscule d'ultradroite fédéré autour d'un ex-militant du mouvement royaliste Action Française, Logan Nisin. Arrêté en juin 2017, il avait reconnu avoir fondé l'"OAS", un groupe reprenant le nom de l'organisation responsable d'une campagne sanglante contre l'indépendance de l'Algérie dans les années 1960. Avec pour mot d'ordre: "Enclencher une re-migration basée sur la terreur".
Le groupe avait envisagé de s'en prendre au candidat à la présidentielle de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et à Christophe Castaner, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et ex-maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) mais aussi de cibler des "kebabs" de Marseille ou le "chantier de la grande mosquée de Vitrolles". L'entreprise avait tourné court, faute d'en avoir "les capacités", selon l'enquête.
Dans ses notes versées dans ce dossier et dont a eu connaissance l'AFP, la DGSI décrit le réveil de l'ultradroite en France avec des "groupuscules concurrents", "soudés" autour de la dénonciation d'une "islamisation de la France" et prospérant sur les craintes liées à la menace jihadiste.
Toutefois, leurs "capacités opérationnelles apparaissent (...) limitées" compte tenu de leurs actions en "ordre dispersé", écrivent les services de renseignements.
Dans des propos tenus en 2016, Patrick Calvar, alors patron du renseignement intérieur (DGSI), avait marqué sa préoccupation face à une possible "confrontation entre l'ultradroite et le monde musulman, pas les islamistes mais bien le monde musulman".
Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, cette affaire montre "que des racistes (...) se sentent suffisamment soutenus pour passer de leur pensée-poubelle à des actes sanglants."
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