Désormais tous d'accord pour renforcer les frontières extérieures de l'UE, les Européens n'en finissent plus de se diviser sur leurs responsabilités dans la prise en charge des migrants tentant de rejoindre l'Europe, comme de ceux s'y trouvant déjà.
La chute massive des arrivées sur les côtes européennes depuis 2015 est loin d'avoir calmé les débats. "La situation est risquée", a admis une source diplomatique, car faute de solution européenne "ce sera la fermeture des frontières nationales et donc la remise en cause de l'espace Schengen, donc de l'UE".
La "réunion informelle" de dimanche, organisée par la Commission, devait au départ réunir huit pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Autriche, Bulgarie, Grèce et Malte) pour déminer le terrain du sommet à 28 des 28-29 juin.
Ils seront finalement le double, après que huit autres ont demandé à participer (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Danemark, Suède, Finlande, Slovénie et Croatie). Ceux du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie), ont dit ne pas être intéressés.
"J'ai malheureusement peu d'espoir d'un résultat important", a avoué le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays prendra la tête le 1er juillet de la présidence tournante l'UE.
'Sauver Merkel'
L'objectif affiché par Bruxelles pour dimanche est d'éloigner le spectre de décisions unilatérales, à l'image de celle de Rome de fermer ses ports aux navires d'ONG secourant des migrants, comme l'Aquarius il y a peu et désormais le Lifeline et ses 230 passagers, en attente d'une solution dans les eaux internationales.
Comme celle aussi du refoulement aux frontières que menace d'instaurer le ministre allemand de l'Intérieur, un conservateur bavarois, contre l'avis de la chancelière Angela Merkel.
"L'idée au départ de cette réunion, c'était un peu de sauver Merkel", a souligné une source diplomatique, en montrant à l'aile droite de sa coalition que l'Europe allait mettre fin au problème des "mouvements secondaires" de migrants.
Un document qu'avait préparé la Commission pour dimanche contenait ainsi un catalogue de mesures contre ce phénomène qui voit les demandeurs d'asile se déplacer dans l'UE, au lieu de rester dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'attente d'une décision sur leur cas.
Le texte insistait sur les obligations des pays de première entrée, comme l'Italie, et sur la nécessité de pouvoir y renvoyer effectivement les personnes qui y sont ou auraient dû y être enregistrées.
Au point de provoquer la colère du gouvernement populiste italien, qui a menacé de boycotter le mini-sommet de dimanche, avant de se raviser. Mme Merkel a en effet "éclairci les choses", s'est félicité le Premier ministre italien Giuseppe Conte, assurant que Rome ne serait pas contrainte d'accepter des mesures pré-définies.
'Centres fermés'
La rencontre de dimanche devrait se conclure par "un résumé des positions exprimées", fait par la Commission, selon une source européenne.
La France et l'Espagne proposeront de créer des "centres fermés sur le sol européen", dotés de "moyens européens", où les migrants attendraient l'examen de leur cas, a annoncé samedi Emmanuel Macron.
"Si l'arrogance française pense transformer l'Italie en camp de réfugiés pour toute l'Europe, peut-être en versant quelques euros de pourboire, elle se fourvoie complètement", a immédiatement répliqué le ministre italien d'extrême droite Matteo Salvini.
La Bulgarie plaidera elle dimanche pour la création de centres d'accueil hors UE, "proches des zones de conflit", a indiqué une source diplomatique.
Parmi les points à débattre dimanche figureront aussi l'accélération des renvois des migrants illégaux et des déboutés de l'asile. L'idée encore floue de "plateformes régionales de débarquement" des migrants secourus en mer, dans et hors de l'UE, est également sur la table.
Les 16 devront évoquer enfin la réforme du régime d'asile européen, dans l'impasse depuis plus de deux ans.
La Commission propose de retoucher le Règlement de Dublin, qui confie la responsabilité des demandes d'asile aux pays de première entrée. En cas de crise comme celle de 2015, l'exécutif européen plaide pour une répartition ponctuelle des demandeurs d'asile dans l'UE.
Mais cette proposition est jugée insuffisante par les pays méditerranéens, qui souhaitent une répartition permanente. Et elle est rejetée frontalement par d'autres, comme les quatre pays de Visegrad, soutenus par l'Autriche.
Le sommet à 28 des 28-29 juin à Bruxelles devait initialement trouver un compromis dans ce dossier, mais cette perspective a été abandonnée.
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