"Nous parlons de cinq morts, dont l'enfant, mais il pourrait y en avoir plus", a déclaré à l'AFP Georgina Ruiz, membre du Centre nicaraguayen des droits de l'homme (CENIDH), précisant que deux des morts l'ont été dans la zone de l'Université nationale autonome du Nicaragua (UNAN), où des étudiants s'étaient retranchés pour protester contre le gouvernement du président Daniel Ortega. Les trois autres décès ont eu lieu dans d'autres quartiers, selon la même source.
Les forces de l'ordre et paramilitaires avaient lancé samedi matin une attaque contre ces étudiants retranchés dans les locaux de l'université UNAN, au sud-ouest de Managua, ainsi que dans des quartiers de l'est de la capitale, selon le témoignage d'étudiants, confirmé par des défenseurs des droits de l'homme.
"Ils nous attaquent depuis une heure du matin. (...) Il y a aussi des franc-tireurs, nous sommes sur les barricades. (...) Nous avons 14 blessés et deux morts", a témoigné un jeune, le visage masqué par un foulard, dans une transmission en direct sur Facebook, où on le voit dans une tranchée avec d'autres jeunes tandis que l'on entend des tirs.
Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé ces attaques, accusant le gouvernement de réprimer violemment les manifestations.
"Le gouvernement d'Ortega continue de réprimer et d'assassiner des jeunes", a écrit samedi sur Twitter le Centre nicaraguayen des droits de l'homme.
Une coalition de groupes d'opposition de la société civile a du coup annoncé suspendre une "marche des fleurs" en mémoire des victimes de la répression, programmée dans l'après-midi de samedi dans la capitale.
"D'un commun accord, nous avons décidé de reprogrammer la marche de Las Flores en attendant l'arrivée dans le pays d'organisations internationales", a déclaré Luciano Garcia, membre de l'Alliance civique pour la Justice et la Démocratie, une coalition d'opposants.
Ce groupe a toutefois appelé "tous les secteurs de la société à observer une grève de 48 heures" dans les jours à venir. Une grève générale avait déjà paralysé le Nicaragua le 14 juin.
La Conférence épiscopale du Nicaragua (CNE) a annoncé l'envoi d'une délégation de prêtres pour évaluer la situation. "Que cessent ces attaques, cette vague de violences", a imploré un prêtre, Raul Zamora, à l'université.
La vague de contestation lancée il y a deux mois pour exiger le départ du président Ortega et de sa femme Rosario Murillo, vice-présidente, a fait au moins 212 morts, a annoncé vendredi la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).
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