Scorpions, dont la tournée mondiale fait étape mardi à l'AccorHotels Arena à Paris, à Rennes le 30 juin, à Locarno (21 juillet) et à Colmar (1er août), a sorti l'an passé "Born To Touch Your Feelings", une compilation de quatorze ballades revisitées qui ont fait leur immense succès (plus de 100 millions d'albums vendus) en cinquante ans de carrière.
Leurs fans sont prêts à dégainer leur téléphones portables, qui depuis le début du millénaire ont remplacé les briquets, pour illuminer la salle au moment où Klaus Meine chantera ses tubes sucrés qui constituent l'acmé de ses concerts. Et il faudra que les batteries soient pleines car le show sera truffé de slows, de "Send me an Angel" à "Wind of Change", en passant par "Follow Your Heart" ou "Eye of the Storm".
"Les ballades rock font partie de notre ADN, mais ça n'a jamais été quelque chose de calculé. On était simplement inspirés par les tubes de Led Zeppelin ("Stairway to Heaven"), Deep Purple (Child in Time"), The Who ("Behind Blue Eyes")... Ces groupes avaient des riffs géniaux et une sacrée puissance rock, mais aussi des mélodies incroyables", raconte Klaus Meine.
Pour réussir un bon slow électrique, "il faut d'abord un thème mélodique qui accroche et ensuite un refrain imparable. C'est la base. Après, il faut donner de l'amplitude à la chanson. Je suis un piètre guitariste, c'est d'ailleurs pour ça que j'en ai d'excellents dans Scorpions, et c'est là qu'il faut leur faire confiance pour qu'ils lui donnent des ailes".
Ces "ailes" du désir que se sent pousser Scorpions sont "la clé qui ouvre la porte des émotions", insiste le chanteur de 70 ans à la voix légèrement éraillée et haut perchée.
Cherchez la femme
Pour le batteur Mikkey Dee, transfuge du groupe Motörhead, la "rock ballad" est aux antipodes du speed metal qu'il avait l'habitude de jouer. "Le pire, c'est que tu peux faire un album avec vingt chansons qui déchirent et une ballade. Et on ne va retenir que celle-là!", s'exclame le Suédois.
"Jouer ces chansons est un vrai challenge, enchaîne-t-il. Car plus le rythme ralentit plus on est sans filet. Il n'y a rien de plus facile que de se planter dessus et tout le monde l'entendra immédiatement. Alors que quand on envoie la sauce tous ensemble sur un morceau hard, même s'il y en a un qui rate un truc, ça ne s'entend pas."
"Quant à moi je ne peux pas faire semblant d'y croire, enchaîne Klaus Meine. J'ai dû chanter +Still Loving You+ un millier de fois, mais pour le public qui va nous voir ce soir-là, ce sera peut-être la première. Alors si je la chante bien, ça lui va droit au cœur. Et ne crois pas qu'on touche uniquement les filles!"
La lassitude ne gagne pas le leader de Scorpions, malgré toutes ces années à rejouer "Still Loving You".
"On l'aime toujours autant celle-là, affirme-t-il. D'abord parce que c'est une putain de bonne chanson! Ensuite parce ce que la vibrations des fans nous donne des frissons. Ça emporte loin."
Et ça conduit même à faire des bébés. "Apparemment, on a provoqué un petit baby-boom en France après la sortie de +Still Loving You+" en 1984, sourit Klaus Meine.
Mais y a-t-il jamais eu une fille derrière ce tube ?
"Ah, ah! ", rit le chanteur. "En fait, un jour je me baladais dehors. La neige tombait, c'était... romantique. Et là, les paroles sont venues toutes seules. J'ai couru chez moi pour les écrire. Je tenais enfin les mots que je cherchais depuis cinq ans lorsque notre guitariste Rudolf Schenker avait composé la mélodie."
"Bon, je dois quand même l'avouer: chez moi, m'attendait mon amoureuse..."
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