Cet ancien avocat s'était présenté aux électeurs comme un jeune réformateur qui réinventerait son parti - le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) autrefois hégémonique - et le Mexique avec.
Le PRI a gouverné en parti unique le Mexique de 1929 à 2000, avant qu'il n'accepte d'organiser des élections.
Douze années plus tard, Peña Nieto, alors âgé de 45 ans, parvenait à faire ce qui semblait impensable: ramener le PRI au pouvoir, en promettant de restaurer la stabilité et d'inaugurer une nouvelle ère de démocratie, de transparence et de réforme.
Sur sa lancée, le jeune président aux cheveux noirs et lisses, ancien gouverneur de l'Etat de Mexico, marié à une actrice de telenovela, lançait des réformes ambitieuses dans l'énergie, l'éducation, les télécommunications et le travail notamment.
'George Clooney de la politique'
Sur la scène internationale, Peña Nieto faisait sensation et l'on évoquait même un "Mexican moment", corroboré par le retour des investisseurs étrangers.
Le magazine The Economist exhortait Peña Nieto à "continuer comme ça", le Washington Post qualifiait le président de "beau" et "populaire", tandis que CBS News voyait en lui un "George Clooney de la politique".
Six ans plus tard, alors que les Mexicains se préparent à élire son successeur le 1er juillet prochain --le mandat présidentiel de six ans est non renouvelable--, la popularité du président a chuté à 20%.
Son ancien ministre des Finances Jose Antonio Meade, candidat du PRI à la présidentielle, ne figure qu'en troisième position dans les intentions de vote, très loin derrière l'ardent candidat de gauche Andres Manuel Lopez Obrador, grand favori du scrutin, et même derrière le conservateur Ricardo Anaya.
Que s'est-il donc passé ?
Les mauvais jours
Il n'a pas fallu très longtemps pour que se fissure l'image moderne et télégénique du jeune président et que s'accumulent les indices rappelant que l'ancien PRI n'était pas mort.
Alors que l'encre séchait à peine sur les réformes de Peña Nieto, le président s'est ainsi retrouvé impliqué dans plusieurs scandales.
En 2014, des journalistes d'investigation révélaient que sa femme avait acquis une somptueuse villa d'une valeur de 7 millions de dollars dans un quartier huppé de Mexico, auprès d'une entreprise dirigée par un ami du président, bénéficiaire de contrats publics.
Puis vint la série de scandales de corruption impliquant une dizaine de gouverneurs du PRI, dont certains sont actuellement en prison ou en fuite.
Les maux de tête ont empiré lorsque le baron de la drogue Joaquin "El Chapo" Guzman s'est échappé de manière rocambolesque d'une prison de haute sécurité en 2015.
Bien que le puissant narcotrafiquant ait été arrêté l'année suivante puis extradé vers les États-Unis, le camouflet a été rude pour le gouvernement.
Enfin, l'an dernier, c'est le directeur de campagne de Peña Nieto, et ami proche du président, qui s'est trouvé impliqué dans le retentissant scandale Odebrecht, du nom du géant de BTP brésilien accusé d'avoir versé des pots de vins en échange de marchés publics.
Etudiants disparus, meurtres
L'épisode le plus sombre de la présidence restera cependant celui de la disparition de 43 étudiants dans l'État du Guerrero (sud) en septembre 2014.
Ces étudiants de l'école normale d'Ayotzinapa, qui s'étaient emparés de cinq autobus pour aller manifester à Mexico, ont disparu après avoir été attaqués par des policiers municipaux à Iguala.
Les autorités mexicaines affirment que cette police corrompue les a livrés à un cartel de drogue qui les auraient ensuite assassinés puis incinérés dans une décharge.
Mais des experts indépendants de la Commission inter-américaine des droits de l'homme (CIDH) ont contesté cette version dans un rapport publié en 2015.
L'an dernier, le Mexique a enregistré le nombre record de 25.339 homicides.
En la matière de lutte contre l'insécurité, le gouvernement Peña Nieto a totalement échoué, estime l'universitaire Sergio Aguayo du Colegio de Mexico.
Prolongeant la guerre contre les cartels lancée par son prédecesseur, le gouvernement Nieto n'aura pas su enrayer l'augmentation constante des violences dans le pays.
"Les Mexicains n'arrivent à s'entendre sur rien, mais il y a un consensus sur un fait: la politique de sécurité d'Enrique Peña Nieto a été un échec" conclut Aguayo.
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