L'accord vise à permettre à la Grèce de quitter comme prévu la tutelle de ses créanciers --zone euro et Fonds monétaire international (FMI)-- le 20 août.
Il comprend un allègement de sa dette (178% du PIB, le niveau le plus élevé en Europe), via des allongements de périodes de remboursement, pour l'aider à assurer sa crédibilité sur les marchés.
"Nous avons trouvé un accord historique sur la dette grecque", a aussitôt réagi le Premier ministre grec Alexis Tsipras, tout en se voulant réaliste : "Nous ne devons pas pour autant détruire le chemin parcouru sur les réformes et sur les efforts budgétaires".
M. Tsipras, issu de la gauche radicale et qui avait toujours refusé de porter une cravate, tant que son pays serait sous le joug des créanciers, est apparu pour la première fois avec un tel accessoire, vendredi soir devant les députés de sa coalition, lors d'un discours plein d'émotion dans le centre d'Athènes.
Il a cependant retiré cette cravate bordeaux en fin de discours, arguant que le peuple grec avait "gagné une bataille mais pas la guerre" et qu'il ne la remettrait désormais qu'à chaque nouvelle victoire.
"Ne pas retrouver la Grèce d'hier"
Surtout, tout en maintenant un cap sérieux - "il ne faut pas retrouver la Grèce d'hier où la corruption était généralisée où il y avait des dépenses effrénées" -, M. Tsipras, souvent accusé de traîtrise à gauche, a montré qu'il souhaitait enfin gouverner selon ses idées.
"L'austérité va peu à peu être remplacée par la justice sociale", a-t-il lancé, promettant une baisse d'impôts l'an prochain, et "un retour progressif de l'Etat social (...), des conventions collectives, une revalorisation du salaire minimum".
Des médias et analystes relevaient néanmoins que le respect des obligations budgétaires prévues à moyen terme par les créanciers nécessitera une discipline de fer et que le pays allait rester encore sous surveillance jusqu'en 2022, des mesures plus dures que pour le Portugal ou Chypre.
"Ce qui va arriver est une surveillance serrée qu'aucun autre pays n'a expérimentée", relevait le journal Ta Nea, proche de l'opposition conservatrice qui fait du maintien de cette surveillance un argument de dénigrement du gouvernement.
Les ministres des Finances de la zone euro se sont entendus tôt vendredi sur les modalités de sortie de la Grèce des trois programmes d'aide de 273 milliards d'euros au total dont elle a bénéficié depuis 2010, en échange de centaines de réformes souvent douloureuses.
"La crise grecque s'achève ici, cette nuit", s'est félicité le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.
Le président français Emmanuel Macron a salué "un nouveau départ pour ce pays ami que la France soutient tant" et a vu dans l'accord la preuve que "malgré les difficultés, l'Europe avance".
'Félicitations, camarades'
L'Eurogroupe a accepté d'allonger de dix ans les échéances de remboursement d'une grande partie de la dette grecque, avec un début de remboursement en 2032 au lieu de 2022 jusqu'à présent.
Une mesure saluée d'un sarcasme par le Premier ministre des Finances de M. Tsipras début 2015, Yanis Varoufakis, partisan à l'époque de résister davantage aux créanciers : "Félicitations, camarades. (Les créanciers) ont étendu la faillite de la Grèce jusqu'en 2060 et appellent ça un... allègement de dette", a-t-il twitté.
Les ministres ont aussi validé le versement d'une toute dernière tranche d'aide de 15 milliards d'euros, dont 9,5 alimenteront le "matelas financier" prévu en sortie de programme.
Le FMI, qui n'a pas participé au dernier, restera impliqué dans la surveillance, a annoncé vendredi sa directrice générale, Christine Lagarde, présente à Luxembourg.
Elle a considéré qu'à "moyen terme" la dette grecque est soutenable "mais sur le long terme, nous avons des réserves".
"L'allégement de dette est plus important que ce à quoi nous nous attendions", ont estimé cependant les analystes de Citi European Economics dans une note.
La Grèce a renoué avec la croissance en 2017 (+1,4%) et table sur +1,9% cette année puis +2,3% l'an prochain, affichant désormais un excédent budgétaire de 0,8% du PIB, après un déficit de 15,1% en 2009.
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