Lundi à l'aube, 250 policiers, dont 150 de la police judiciaire, ont donné l'assaut dans les tours de la cité du 15e arrondissement. Un coup de force rendu possible par une enquête d'un an, a raconté à l'AFP le Directeur interrégional de la police judiciaire Eric Arella, lors d'un point presse vendredi.
Les policiers ont interpellé 20 personnes et saisi 200 kilos de résine de cannabis et 9 armes dont 2 kalachnikov, ainsi que 30.000 euros, une grenade et deux gilets pare-balles.
Parmi les 17 personnes -dont 3 femmes- finalement présentées au juge d'instruction, du "gérant" au guetteur en passant par les "nourrices" (qui gardent la drogue), huit ont été mises en examen et placées en détention provisoire, pour "trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs, infraction à la législation sur les armes", selon le procureur de la République Xavier Tarabeux.
Le parquet avait requis la mise en examen de 13 personnes et a fait appel pour les cinq non mises en examen.
Deux des interpellés faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt après leur condamnation à 5 et 6 ans de prison le 12 décembre 2017 pour trafic de stupéfiants, selon M. Tarabeux.
Parmi les personnes écrouées figure une "tête de réseau", selon M. Arella. "La Castellane, c'est le premier point de vente de stupéfiants pour Marseille et sa région", a-t-il rappelé, avec un "chiffre d'affaires" estimé de 40.000 à 50.000 euros par jour, pour quelque 900 clients quotidiens. Des clients qui achètent "au détail" mais aussi des trafiquants qui viennent "jusque des Alpes-Maritimes" se fournir.
A Marseille, le trafic de drogue est à l'origine de nombreux règlements de compte. En 2018, 12 personnes sont déjà mortes par balle dans des règlements de compte dans la cité phocéenne et ses environs. "Dans ce contexte particulier, il est important que toute l'information soit centralisée", a estimé M. Arella, qui a souligné que les arrestations de lundi étaient le fruit d'un "pilotage renforcé mis en place en 2015 avec la Direction départementale de la sécurité publique, grâce auquel des infos remontent au fil de l'eau".
"Bonne fumette à tous"
La cité de la Castellane compte 7.000 habitants. De part sa construction, qui rend certaines tours difficiles d'accès, et sa situation géographique au carrefour de grands axes routiers, elle est de longue date un noyau dur du trafic de drogues dans la cité phocéenne.
A l'entrée de la cabane du "charbonneur" (le vendeur), les policiers ont photographié un panneau de carton affichant le prix des différentes "beu" et concluant: "bonne fumette à tous, à bientôt!".
Depuis lundi, la présence policière a été accentuée dans la cité. "Nous avons démonté les points de deal, cassé les murs qui entravaient la circulation", a indiqué M. Arella.
Entre 2013 et 2016, plusieurs opérations policières ont été menées pour démanteler les trafics à la Castellane, avec près de 80 personnes écrouées.
En février 2015, quelques heures avant une visite du Premier ministre Manuel Valls à Marseille, la cité avait été le théâtre d'une fusillade entre deux réseaux concurrents de trafiquants armés de Kalachnikov.
Quelques mois plus tard, en juin 2015, les policiers y ont arrêté une quarantaine de personnes mais aussi dans des "satellites" de cités voisines. "Ca avait porté un sérieux coup au réseau, ils ont quand même mis deux ans pour se reconstituer", a rappelé Sebastien Lautard, commissaire divisionnaire en charge de la lutte contre le trafic de stupéfiants et le proxénétisme.
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