"Nos forces armées ont le contrôle total de la région du Croissant pétrolier (...) Mais l'opération militaire n'est pas encore finie", a indiqué en début de soirée le général Ahmed al-Mesmari, porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée et dirigée par le maréchal Haftar.
Il a ajouté lors d'une conférence de presse que l'ANL n'avait pas fini de ratisser la région et de pourchasser les groupes rivaux qui ont fui vers le sud désertique.
Dans la matinée, ce porte-parole avait annoncé la reprise par l'ANL des terminaux de Ras Lanouf et d'al-Sedra, deux principaux sites par lesquels le pétrole libyen est acheminé vers l'étranger.
Mais des combats ont éclaté plus tard dans le quartier résidentiel de Ras Lanouf, une région qui comprend aussi un aéroport, une raffinerie et un complexe pétrochimique.
Selon l'hôpital D'Ajdabiya, plus à l'est, les combats de jeudi ont fait 16 morts parmi les forces de l'ANL. Il n'était pas possible dans l'immédiat d'obtenir un bilan dans les rangs de l'autre camp.
Dans un enregistrement sonore destiné à ses forces, le maréchal Haftar a annoncé dans la matinée le début d'une opération pour "écraser l'ennemi", accusant sans le nommer le chef militaire Ibrahim Jadhran, dont les forces ont mené une attaque la semaine dernière contre des sites pétroliers, de s'être "allié avec le diable".
Le 14 juin, des groupes armés dirigés par Ibrahim Jadhran ont attaqué deux sites pétroliers dans cette région du nord-est libyen, sous contrôle de l'ANL.
Depuis, des combats intermittents opposaient les deux camps autour des terminaux de Ras Lanouf et al-Sedra.
"Mercenaires tchadiens"
M. Jadhran, dont la tribu d'Al-Magharba est historiquement basée dans la région, commandait les Gardes des installations pétrolières (GIP) chargés de la sécurité du Croissant pétrolier.
Il avait réussi à bloquer les exportations de pétrole depuis cette région pendant deux ans avant d'en être chassé en 2016 par l'ANL.
Des sources proches de l'ANL ont fait état d'une alliance entre M. Jadhran et les "Brigades de défense de Benghazi", formées de combattants islamistes chassés ces dernières années de la cité de Benghazi (est) par l'ANL.
M. Mesmari a indiqué que plus de 1.000 "mercenaires tchadiens" ont participé à l'attaque contre le Croissant pétrolier aux côtés de M. Jadhran.
Les combats autour des terminaux de Ras Lanouf et al-Sedra ont provoqué des "pertes catastrophiques", selon la Compagnie nationale de pétrole (NOC).
Le chef de la NOC, Mustafa Sanallah, a déploré "des milliards de dollars de pertes en raison des violences", soulignant que la production, qui était de plus d'un million de barils par jour a été réduite de 450.000 bj en une semaine.
Un autre porte-parole de l'ANL, Khalifa al-Abidi, a indiqué jeudi soir que les forces loyales au maréchal Haftar allaient "sécuriser la zone (du Croissant pétrolier) avant de remettre les installations pétrolières à la NOC pour qu'elle puisse reprendre la production et la réparation des dégâts", a-t-il dit.
L'offensive lancée jeudi par l'ANL est intervenue quelques heures après une condamnation américaine de l'attaque menée sur les terminaux pétroliers par les forces de M. Jadhran.
"Les États-Unis condamnent fermement les récentes attaques menées par les forces dirigées par Ibrahim Jadhran contre les ports pétroliers de Ras Lanouf et al-Sedra".
"Nous demandons à tous les acteurs armés (...) de cesser toutes les hostilités et de se retirer immédiatement des installations pétrolières pour éviter davantage de dégâts", a indiqué le département d'Etat dans un bref communiqué.
"Décrédibiliser les adversaires"
La Libye est meurtrie par les luttes d'influence et les violences entre groupes armés rivaux depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. D'un côté, il y a un gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, de l'autre Khalifa Haftar, 75 ans, qui jouit du soutien des autorités parallèles dans l'est du pays.
"Haftar historiquement a toujours allié politique et opérations militaires", souligne Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye.
Fin mai, le président français Emmanuel Macron a réuni les principaux protagonistes de la crise libyenne dont le général Haftar et le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, qui ont endossé une déclaration sur l'organisation d'élections législatives et présidentielle le 10 décembre.
"Il est important de garder à l'esprit que les États étrangers sont très divisés sur la question des élections en Libye", ajoute M. Harchaoui
Dans le camp de Haftar, on accuse des groupes rivaux et des services de renseignements étrangers de vouloir saboter le processus politique et empêcher la tenue d'élections.
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