Le Syndicat mixte Autolib' Vélib', qui réunit les 103 communes partenaires dont la capitale, "a refusé de verser la compensation infondée de 233 millions d'euros réclamée par le groupe Bolloré (...) entraînant de fait la résiliation du contrat au 25 juin 2018", a annoncé le Syndicat mixte Autolib' Vélib' Métropole (SAVM).
Le syndicat va, dans les jours à venir, "négocier un protocole de sortie de contrat afin de régler l'ensemble des modalités opérationnelles", a ajouté un communiqué, sans précision sur la date effective de l'arrêt du service.
"Nous irons faire prospérer nos systèmes d'autopartage là où on nous accueille", a commenté le directeur général du groupe Bolloré Gilles Alix, présent dans la salle, indiquant que le groupe allait "continuer à se battre devant le tribunal administratif".
La réunion du comité syndical, composé d'élus de tendances diverses, a donné lieu à des débats tendus entre les représentants de la capitale et certaines communes de banlieue. Des élus, souvent de droite, n'ont pas pris part au vote pour dénoncer "Mme Hidalgo qui nous a amenés où nous sommes aujourd'hui", selon Benoît Blot, pour le Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine)
Le syndicat mixte, où la Ville de Paris est majoritaire, et le groupe Bolloré se renvoient depuis des semaines la responsabilité du déficit, estimé par Bolloré à un total de 293,6 millions et dont il accepte de ne prendre en charge que 60 millions.
"Saut dans l'inconnu"
Groupe et syndicat mixte ne sont d'accord sur rien, chacun estimant l'autre responsable de la résiliation du contrat et au-delà, de l'avenir des 254 salariés.
Une centaine de ces derniers ont d'ailleurs manifesté devant la mairie du XIIe, pour demander "la préservation de leur emploi" et la "poursuite d'Autolib'".
Lancé en fanfare en 2011 sous Bertrand Delanoë, le dispositif fort de 150.000 abonnés, a dû faire face à un changement des façons de se déplacer, avec le vélo électrique, le VTC, la location de véhicules privés. Sans compter son image dégradée et ses voitures souvent sales.
La Ville de Paris a annoncé jeudi que les 3.244 places de stationnement actuellement dévolues aux Autolib' seraient réservées dès la fin du service aux propriétaires de voitures électriques, et leurs bornes de recharge accessibles.
Après ce vote, sur Twitter, une Parisienne a écrit "quel dommage, un service qui va beaucoup nous manquer" alors qu'un autre internaute affirmait que "le plus épatant, c'est la mauvaise gestion de tout ça".
Côté élus parisiens, la maire a concentré les critiques de l'opposition, les Républicains pointant "une longue et coûteuse procédure contentieuse" à venir, "alors que les 100.000 abonnés se retrouvent sans solution du jour au lendemain".
"Saut dans l'inconnu", a renchéri Pierre-Yves Bournazel, élu parisien et député d'Agir. "La facture s'allonge", a estimé le groupe PPCI (pro-Macron ex-LR) dénoncant une "décision arbitraire dictée par Anne Hidalgo".
Pour l'UDI-MoDem, "au final, la Ville de Paris, le Syndicat mixte et les communes membres se sont fait mener en bateau par un industriel qui n'avait d'autre volonté que de se servir de Paris comme d'une vitrine pour mettre en avant son produit".
Danielle Simonnet (La France Insoumise) s'est inquiétée du devenir des salariés avant de demander une "rupture" similaire avec Smovengo, l'opérateur de Vélib'.
Car avant Autolib', la Ville de Paris et le syndicat mixte ont dû se colleter à un autre "fiasco" à ce jour non résolu, celui du service de vélos Vélib' en berne, compliqué d'un conflit salarial aigu depuis le changement de fournisseur de cet équipement.
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