Ces discussions s'avèrent cruciales pour qu'Athènes puisse, comme prévu, quitter la tutelle de ses créanciers le 20 août prochain et se financer seule sur les marchés, après plusieurs années de profonde récession.
"Aujourd'hui va être un moment historique autant pour la Grèce que pour la zone euro", a assuré le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, à son arrivée à Luxembourg, où se tient la réunion.
"Nous allons arriver aujourd'hui à un accord. Je suis optimiste", a pour sa part déclaré le président de l'Eurogroupe, Mario Centeno.
En huit ans, la Grèce a bénéficié de plus de 273 milliards d'euros d'assistance de la part de ses créanciers, zone euro et Fonds monétaire international (FMI), au cours de trois programmes d'aide.
En contrepartie, les Grecs ont été contraints de mettre en oeuvre plusieurs centaines de réformes, souvent douloureuses, notamment pour assainir leurs finances publiques.
La croissance du PIB a atteint 1,4% en 2017 et devrait encore progresser cette année (1,9%) et l'an prochain (2,3%). Dans le même temps, la Grèce affiche désormais un excédent budgétaire de 0,8%, après avoir enregistré un déficit de 15,1% en 2009.
"Nous devons reconnaître que la Grèce a accompli un très bon travail", ont affirmé de concert le ministre français Bruno Le Maire et son homologue allemand Olaf Scholz à leur arrivée, ensemble, à la réunion.
Le niveau de la dette grecque reste cependant le plus élevé de la zone euro et ses créanciers conviennent qu'un dernier "allègement" est nécessaire pour assurer sa crédibilité sur les marchés financiers.
L'Allemagne et certains pays du nord de l'Europe sont cependant plus réticents et exigent, en échange de leur soutien, que la Grèce soit suivie de très près après sa sortie du programme.
"Matelas financier"
"Evidemment, personne ne devra perdre d'argent", a insisté mercredi Pierre Moscovici.
"Mais nous devrions collectivement trouver un moyen d'alléger la dette, soit en prolongeant les échéances des prêts existants, soit en rachetant les plus coûteux", a-t-il ajouté.
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, également favorable à un allègement de la dette, est présente à Luxembourg.
L'institution basée à Washington a participé financièrement aux deux premiers programmes grecs, mais se contente pour l'instant d'un rôle d'observateur dans le troisième, car elle estime que la dette d'Athènes n'est pas soutenable sur le long terme.
Outre la question de la dette, les Européens devront boucler la jeudi les derniers détails du troisième programme d'aide à la Grèce: 88 nouvelles réformes en échange d'un tout dernier versement.
Cet argent, qui serait versé en juillet, sera destiné à alimenter un "matelas financier" d'une vingtaine de milliards d'euros pour les 18 premiers mois qui suivront sa sortie du programme.
Athènes sera alors sous le coup d'une surveillance encore jamais vue de la part des Européens, bien plus stricte que celles mises en place dans le passé pour le Portugal, Chypre ou l'Irlande.
Sous la pression de l'Allemagne, l'allègement de la dette grecque à court terme restera conditionné à la poursuite des dernières réformes, dont certaines s'étendront au-delà du 20 août et sur plusieurs mois.
"Pour la Grèce, la principale préoccupation est de ne pas avoir de quatrième programme d'aide ou de ne pas donner l'apparence d'un quatrième programme", a reconnu une source de l'UE.
"Mais il y a des réformes qui devront faire l'objet d'un suivi approfondi", a-t-elle ajouté.
Les discussions sur la Grèce seront suivies d'échanges encore plus ardus sur les réformes de l'Union économique et monétaire, en particulier une proposition de la France, soutenue par l'Allemagne, pour un budget de la zone euro.
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