"La procédure générale de régulation" appliquée par le Samu au moment du décès fin décembre de Naomi Musenga n'était "pas conforme aux recommandations de bonnes pratiques" et "source de risque pour les patients", souligne l'Inspection des affaires sociales (Igas) dans ce rapport publié mercredi.
L'Igas pointe les réponses "non adaptées de l'assistante de régulation médicale" qui avait employé un "ton dur, intimidant et déplacé face (aux) demandes d'aide réitérées" de Naomi Musenga, décédée à l'âge de 22 ans dans d'atroces souffrances.
Quelques minutes après la publication du rapport, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) ont annoncé avoir "accepté" la démission du responsable du SAMU, auquel l'Igas reproche notamment un défaut "d'accompagnement de la famille".
Ce médecin qui travaillait de longue date pour les HUS avait lui-même présenté sa démission début mai, lorsque l'affaire avait éclaté, a indiqué à l'AFP le directeur des HUS, Christophe Gautier.
Quant à l'assistante de régulation qui avait réceptionné l'appel de Naomi Musenga le 29 décembre 2017, elle fait l'objet d'"une suspension à titre conservatoire depuis le 9 mai", rappellent les HUS.
Mais une "procédure disciplinaire sera également engagée" à son encontre, selon M. Gautier.
Les dysfonctionnements pointés par l'Igas sont multiples et ont "conduit à un retard global de prise en charge de près de 2h20" bien que "seule une expertise clinique permettrait de mesurer la perte de chance" de survie engendrée par ce retard, relèvent les inspecteurs.
"Alors que tout appel à caractère médical devrait être +régulé+ par un médecin, la procédure en vigueur au Samu de Strasbourg permettait aux assistants de régulation médicale, dans certains cas, de traiter seuls ce type d'appels", ajoutent-ils.
Et tandis que les procédures en vigueur à Strasbourg prévoyaient le transfert de l'appel à un médecin régulateur en cas de "douleur abdominale", ce dont se plaignait précisément Naomi Musenga, l'appel n'a pas été transmis "bien que deux médecins soient présents".
"Ton moqueur"
De plus, l'opératrice du Samu n'a posé "aucune question permettant d'éclairer l'état clinique de la patiente" et conseillé plusieurs fois à la jeune femme d'appeler SOS Médecins, bien qu'elle ait dit "explicitement qu'elle n'était pas en mesure de le faire", détaillent les inspecteurs.
Mais l'assistante de régulation du Samu n'est pas la seule à être épinglée. Le transfert de l'appel entre l'opératrice des pompiers qui avait reçu la première l'appel de Naomi Musenga, et sa collègue du Samu s'était déjà "fait sur un ton moqueur", relève encore l'Igas.
Face à cette situation, les inspecteurs ont appelé les HUS à élaborer "sans délai" un "plan d'action" que le directeur de l'établissement s'est engagé à mettre en oeuvre "complètement".
Révélée début mai par l'hebdomadaire alsacien Heb'di qui avait mis en ligne sur son site l'enregistrement de l'appel, l'affaire Naomi avait provoqué une vague d'indignation.
Une semaine plus tard, un millier de personnes -famille, amis, connaissances ou simples anonymes- avaient défilé en silence au coeur de Strasbourg pour rendre hommage à la jeune femme et réclamer "justice et vérité". "Plus jamais ça", avait lancé sa mère devant la foule.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s'était déclarée "profondément indignée", dénonçant de "graves dysfonctionnements" et indiquant fin mai avoir "connaissance d'une dizaine d'affaires" comparables.
En parallèle de l'enquête de l'Igas, le parquet de Strasbourg a ouvert une enquête préliminaire.
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