Depuis l'annonce début mai d'une "tolérance zéro" du gouvernement sur l'immigration illégale, plus de 2.300 enfants et jeunes migrants ont été séparés de leurs familles, après leur arrestation à la frontière, fuyant, pour la plupart, la violence qui ronge l'Amérique centrale.
"Nous voulons garder les familles ensemble", a expliqué M. Trump depuis la Maison Blanche. "Je signerai quelque chose bientôt", a-t-il poursuivi, expliquant espérer que cela serait suivi par une loi.
Auparavant, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, avait annoncé qu'il soumettrait au vote jeudi un projet de loi afin de résoudre la question du statut de ces jeunes sans-papiers.
"Avec notre loi, quand les gens seront poursuivis pour avoir franchi illégalement la frontière, les familles resteront ensemble pendant toute la procédure légale, sous l'autorité de la Sécurité intérieure", a déclaré le "speaker" de la Chambre basse du Congrès où les républicains sont majoritaires.
Le texte devra ensuite passer au Sénat où les républicains disposent d'une faible marge (51-49) avant d'être validé par le président.
"Inacceptable"
Les images de ces milliers d'enfants en pleurs arrêtés puis placés dans des centres, divisés en cages de fer ou dans des camps faits de tentes, ont fait scandale. A New York, une chaîne de télévision a diffusé mercredi des images de cinq fillettes accompagnées d'adultes, parlant espagnol, marchant en pleine nuit vers un centre d'accueil du quartier de Harlem, suggérant que ces enfants sont placés incognito.
De nombreux responsables américains comme étrangers ont appelé le gouvernement à abandonner ces pratiques.
La Première ministre britannique Theresa May a jugé "profondément choquantes" ces images "d'enfants détenus dans ce qui semble être des cages".
"Ce qui se passe aux Etats-Unis est inacceptable", a affirmé à son arrivée au Parlement canadien le Premier ministre Justin Trudeau. "La façon dont nous traitons les plus vulnérables définit qui nous sommes en tant que personnes, pays et communauté internationale", a-t-il indiqué dans un communiqué séparé, à l'occasion de la Journée internationale des réfugiés.
"La dignité de la personne ne dépend pas de son statut de citoyen, de migrant ou de réfugié. Sauver la vie de qui s'échappe de la guerre et de la misère est un acte d'humanité", a également assuré le pape François sur Twitter.
Alors que Washington a annoncé un durcissement de la procédure des demandes d'asile, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a pourtant assuré sur Twitter que les Etats-Unis "continueront à aider les réfugiés les plus vulnérables, conformément aux valeurs profondes du peuple américain".
Thorbjorn Jagland, le secrétaire général du Conseil de l'Europe a pour sa part estimé que M. Trump n'était plus le "leader moral" de la planète et ne pouvait plus "parler au nom du monde libre", un langage qui tranche avec la réserve habituelle de cette instance chargée de défendre la démocratie et le droit sur le Vieux Continent.
"Prise d'otages"
Le quotidien français Le Monde a dénoncé "une véritable prise d'otages" opérée par Donald Trump destinée à "pousser le Congrès à adopter (ses) mesures extrêmement restrictives en matière d'immigration". C'est aussi un signe envers les migrants "que les Etats-Unis ont renoncé à toute forme d'humanité envers eux".
La ligne très dure de Donald Trump sur l'immigration - légale ou illégale - ne semble pourtant pas ralentir le flot des arrivées.
Les Etats-Unis sont redevenus l'an dernier le premier pays de demandes d'asile dans l'OCDE avec 330.000 requêtes, devant l'Allemagne, a indiqué mercredi l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Son secrétaire général, José Angel Gurria, en a profité pour déclarer que "la séparation n'est certainement pas dans le meilleur intérêt de l'enfant", ajoutant que "la sécurité de l'Etat et l'humanité basique ne sont pas incompatibles".
La colère monte aussi dans la société civile.
La journaliste de MSNBC Rachel Maddow a été prise de sanglots mardi soir en lisant une information de l'agence Associated Press (AP) selon laquelle les autorités ont mis en place trois centres destinés aux bébés et aux très jeunes enfants de demandeurs d'asile.
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