Confrontés à la surveillance plus efficace de la "route des Balkans" classique qui passe par la Macédoine et la Serbie, beaucoup de voyageurs "tentent de trouver de nouvelles routes pour joindre les pays de l'Union européenne", explique à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Ardi Bide.
Venu de Syrie, Guwan Belei, 28 ans, est arrivé mi-juin dans le petit centre d'accueil des demandeurs d'asile de Babrru dans la banlieue de Tirana, le seul du pays, dont la capacité de 180 personnes est dépassée. Ils sont 200 à y être désormais installés. Sollicitées, les autorités n'ont pas indiqué combien de dossiers avaient été déposés.
Elles ont récemment démenti un projet d'ouvrir un camp de réfugiés plus important avec l'aide de l'UE. Une décision qui est du seul ressort de Tirana, prévient la vice-ministre de l'Intérieur, Rovena Voda, dont le pays espère l'ouverture prochaine des négociations d'adhésion avec Bruxelles.
Gagner du temps
De nouveaux arrivants patientent devant le petit bâtiment de briques, tandis que d'autres sortent, sac au dos, peut-être dans l'espoir de tenter de passer au Monténégro, à une centaine de kilomètres au nord. Podgorica s'est récemment inquiété de la porosité de sa frontière avec l'Albanie.
Guwan Belei a demandé un asile mais ne cache pas que pour lui "comme pour les autres, l'Albanie est une escale, à l'inverse de la Serbie et de la Macédoine qui ont fermé les frontières".
"L'Albanie est la seule solution de passage pour les réfugiés", dit le jeune homme qui avec ses trois compagnons d'odyssée veut se rendre en Allemagne.
"Beaucoup préfèrent demander l'asile politique en Albanie, car pendant les procédures, cela laisse le temps de trouver des solutions pour passer au Monténégro et en Bosnie, et de là rejoindre l'Allemagne, le Danemark ou un autre pays", poursuit-il.
La route est pourtant difficile, escarpée et montagneuse, en Albanie, au Monténégro comme en Bosnie, avant d'espérer rejoindre la Croatie et l'UE.
Mais il en faut plus pour faire renoncer Berivian Alus, une jeune femme de 26 ans, accompagnée de son mari Asmar. Jugeant le voyage trop dangereux, ils ont confié à leurs grands-parents leurs jumelles de trois ans, dont ils montrent une photo sur leur téléphone.
Depuis leur départ d'Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie, le couple a déjà franchi "champs, montagnes et rivières", à pied ou sur des petites embarcations, "dans la boue et sous la pluie".
La jeune femme explique être parvenue jusqu'à la frontière albanaise avec "l'aide des trafiquants" à qui il a fallu payer en tout 10.000 euros. Son époux explique que s'il accepte le statut de demandeur d'asile en Albanie, c'est "juste pour gagner du temps".
Craignant la réputation de violence des réseaux de passeurs, d'autres "préfèrent s'en sortir avec seulement le GPS", dit Kasim Yaakoum, un Syrien de 29 ans.
'Personne ne veut rester'
Mais quelle que soit la stratégie suivie, "personne ne veut rester en Albanie, un pays pauvre", explique son compatriote Yasser Alnablis, 22 ans.
Selon les autorités albanaises, depuis janvier la police a bloqué 2.300 personnes à la frontière.
"L'Albanie a pris toutes les mesures pour renforcer ses frontières et coopérer avec les autres pays des Balkans et les autorités de l'Union européenne, dont Frontex" afin de "mieux contrôler la situation", affirme Rovena Voda. Elle assure que son gouvernement parvient "à faire face (...) malgré le nombre croissant de ceux qui sont arrivés sur son territoire".
Les ministres de l'Intérieur des Balkans se sont réunis lundi à Bruxelles. La Bosnie, dernier pays sur cette nouvelle route avant l'UE, est également confrontée à ce problème qu'elle a du mal à gérer avec ses ressources limitées.
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