Les demandes d'asile ont augmenté de 26% aux Etats-Unis l'an dernier, à 330.000 au total, affirme l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans ses "Perspectives des migrations internationales", publiées alors que l'administration Trump revendique une fermeté inflexible aux frontières, provoquant un tollé sur la séparation des familles de sans-papiers.
Ces demandeurs sont à 40% des Salvadoriens, Vénézueliens et Guatemaltèques, donc des profils très différents de ce que connaît l'Europe (Syriens, Afghans et Irakiens notamment), souligne l'OCDE. Le président américain a cette semaine agité le spectre de la crise migratoire sur le Vieux continent pour affirmer que "les Etats-Unis ne deviendront pas un camp pour migrants".
Dans le même temps, l'Allemagne a enregistré une chute de 73% des demandes d'asile par rapport au record de 2016, à 198.000 au total. Viennent ensuite l'Italie (127.000 demandes), la Turquie (124.000) et la France (91.000).
Au total, la quarantaine de pays développés formant l'OCDE ont reçu 1,64 million de demandes en 2017, une "baisse sensible" par rapport à l'année précédente (1,23 million), selon l'organisation, qui précise qu'il faut ajouter à ces chiffres les 550.000 Syriens installés en Turquie sans avoir à demander l'asile.
"Nous nous éloignons du pic de la crise des réfugiés" où le défi était l'aide d'urgence, pour entrer dans une "phase complexe" où l'intégration est la priorité, affirme dans son introduction Stefano Scarpetta, directeur des affaires sociales à l'OCDE.
"Soutien de l'opinion"
Or, cela ne va pas sans "défis", note-t-il, car "la crise des réfugiés a accru les préoccupations de l'opinion publique quant aux avantages supposés des migrations", avec des inquiétudes sur "les salaires ou l'emploi". D'autant que les flux sont intervenus alors que "de nombreux pays européens se remettaient de la crise financière" avec "des taux de chômage élevés".
Pour la première fois, l'OCDE tente d'évaluer les conséquences sur l'emploi de ces arrivées de réfugiés, en rappelant que les études antérieures ont conclu à un effet "modeste" à long terme sur le marché du travail, qui "exclut probablement tout risque d'impact négatif".
Mais, à court terme, la population active pourrait progresser "de 0,4% d'ici décembre 2020". Plus délicat: en Allemagne le nombre de chômeurs pourrait "augmenter d'environ 6%", et dans certains pays "où l'afflux de réfugiés est important" (Suède, Allemagne, Autriche) l'impact sur le marché de l'emploi sera "plus marqué" pour les catégories les plus en concurrence avec les réfugiés, notamment les hommes au faible niveau de formation.
Il faut donc "des mesures en faveur de ce groupe", et des politiques "maximisant l'accès à l'emploi" des réfugiés, gage de leur intégration, plaide l'OCDE.
Car "même si ce sous-groupe de population est relativement restreint, une nouvelle détérioration de ses résultats sur le marché de l'emploi, liée à la concurrence avec les réfugiés (...), pourrait entraîner une forte dégradation de l'opinion publique relative à l'impact moyen des réfugiés sur l'économie".
Or, "le soutien de l'opinion publique est indispensable pour maintenir le système d'asile européen et prévenir toute réaction de rejet à l'encontre des réfugiés (et des immigrés en général)", ajoute l'OCDE.
Quoique préparé depuis des mois, le rapport vient éclairer les questionnements qui déchirent actuellement l'Europe, alors que les mouvements populistes multiplient les déclarations anti-migrants et que le refus de l'Italie d'accueillir le navire Aquarius et ses migrants a déclenché une grave crise européenne.
Signe de ce durcissement, les mesures prises l'an dernier pour "gérer les flux" de demandeurs d'asile et qu'égrène le rapport: "frein d'urgence" au Danemark permettant des refoulements, assignation à résidence possible en Finlande, raccourcissement de la protection des réfugiés en Suède, Autriche ou Hongrie...
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