"Kim Jong Un, président du Parti des travailleurs de Corée et président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée, visite la Chine du 19 au 20 juin", a annoncé l'agence de presse Chine nouvelle dans une très brève dépêche qui ne fournit aucun détail sur le programme de la visite.
Cette annonce confirme des informations de plusieurs médias japonais qui avaient rapporté la venue possible de M. Kim à Pékin mardi.
Il s'agit de la troisième visite en Chine du dirigeant nord-coréen en moins de trois mois. Fin mars, il avait effectué dans la capitale chinoise son premier déplacement à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir fin 2011, avant un second voyage en mai dans la ville portuaire de Dalian, dans le nord-est de la Chine.
Il s'était à cette occasion entretenu avec le président chinois Xi Jinping. Les deux hommes ne s'étaient auparavant jamais rencontrés depuis leurs arrivées au pouvoir respectives au début de la décennie. Pyongyang reprochait à son allié d'appliquer les sanctions internationales destinées à convaincre la Corée du Nord d'abandonner son programme nucléaire.
C'est en tout cas la première fois que les médias chinois font état d'une visite du jeune dictateur alors qu'il se trouve sur le sol du pays. Les deux fois précédentes, les médias officiels avaient attendu qu'il soit de retour en Corée du Nord pour faire état de sa venue.
L'homme fort de Pyongyang cherche à obtenir un assouplissement des sanctions économiques en échange de ses promesses de dénucléarisation et espère le soutien de la Chine dans cette démarche.
La diplomatie chinoise, à l'instar de la Russie, avait suggéré la semaine dernière que les Nations unies pourraient envisager d'alléger les sanctions si Pyongyang se conformait à ses obligations.
La Chine, principale alliée de la Corée du Nord depuis la guerre de Corée (1950-53), a fait clairement savoir qu'elle voulait un rôle prépondérant dans les négociations, présentant avec insistance ses offres de services diplomatiques.
Allègement des sanctions?
La semaine dernière, le sommet historique de Singapour entre Donald Trump et Kim Jong Un a débouché sur une déclaration dans laquelle le dirigeant nord-coréen réaffirmait "son engagement ferme et inébranlable envers la dénucléarisation de la péninsule" coréenne.
Cette formule vague, sujette à différentes interprétations, a été critiquée par certains experts car elle reprend une promesse déjà faite et jamais tenue.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a exclu cependant que les sanctions économiques drastiques imposées au Nord au fil de ses essais nucléaires et balistiques soient levées avant la dénucléarisation complète.
Reçu jeudi à Pékin par son homologue chinois Wang Yi, Mike Pompeo a assuré que la Chine avait "réaffirmé son attachement envers les résolutions du conseil de sécurité de l'ONU", c'est-à-dire aux sanctions.
Comme en écho aux arguments de Pékin, il a toutefois reconnu que ces résolutions disposaient "de mécanismes d'allègement" qui pourront être "envisagés le moment venu".
Mais, a ajouté le chef de la diplomatie américaine devant M. Wang, "nous avons souligné très clairement que l'allègement (des sanctions) que recevra la Corée du Nord ne pourrait intervenir qu'après sa dénucléarisation totale, sa dénucléarisation complète".
Pékin avait salué dès le 12 juin, jour du sommet de Singapour entre MM. Trump et Kim, "le début d'une nouvelle histoire".
Si la Chine a constamment appelé son petit voisin à abandonner ses projets nucléaires et balistiques, elle a aussi appelé au dialogue à l'époque où Nord-Coréens et Américains échangeaient des menaces d'anéantissement mutuelles.
Pékin avait proposé l'an dernier la suspension du programme nucléaire nord-coréen en échange de la fin des manoeuvres militaires conjointes américano-sud-coréennes, une concession que Donald Trump a finalement accordée la semaine dernière, ajoutant même que les troupes américaines présentes en Corée du Sud pourraient à terme quitter le pays.
Autant de victoires stratégiques pour Pékin, selon Bonnie Glaser, analyste au Center for Strategic and International Studies de Washington.
"Les Chinois pensent depuis longtemps que s'ils pouvaient déloger les troupes américaines de la région, cela serait la clé de la diminution de l'influence américaine et de l'accélération de la création d'une région plus centrée sur la Chine", estime-t-elle.
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