Une conférence de presse commune de la chancelière allemande et du président français est programmée pour 14H00 GMT.
La réforme de la zone euro, à laquelle la rencontre dans le cadre d'un conseil des ministres franco-allemand doit surtout être dédiée, risque toutefois de passer à l'arrière plan au moment où l'accueil des migrants fait de nouveau voler en éclat la cohésion européenne et met à rude épreuve la coalition gouvernementale de la chancelière allemande.
La réunion, qui rassemble aussi les principaux ministres des deux pays, se tient au château baroque de Meseberg, une résidence officielle du gouvernement au nord de Berlin.
L'Italie, en première ligne depuis des années face à l'afflux des demandeurs d'asile, a déclenché une nouvelle crise dans l'UE après la décision de son ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (extrême droite) de refuser d'accueil d'un bateau chargé de migrants venus d'Afrique.
Après une odyssée d'une semaine en Méditerranée, les 630 migrants de l'Aquarius sont finalement arrivés dimanche en Espagne.
Angela Merkel et Emmanuel Macron sont d'accord sur un point: la gestion des migrants doit être européenne, alors que les pays comme la Pologne et la Hongrie refusent d'ouvrir leurs frontières et que la pression pour le "chacun pour soi" ne cesse de croître.
- "Motivée" -
La chancelière, qui dirige l'Allemagne depuis près de 13 ans, a désespérément besoin d'une avancée, au plus tard lors du sommet des 28 et 29 juin à Bruxelles.
Lundi, son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, représentant l'aile droite de sa coalition gouvernementale, lui a donné deux semaines jusqu'à ce sommet pour réduire le flux de migrants au niveau européen, faute de quoi il ordonnera début juillet de "refouler immédiatement" les demandeurs d'asile arrivant aux frontières allemandes en provenance d'un autre pays européen.
Peu importe pour lui les conséquences, y compris son propre limogeage qui conduirait à la chute de la coalition gouvernementale dans la première économie européenne.
Personne n'escompte un accord des Européens fin juin sur une réforme du règlement de Dublin, qui stipule que les demandeurs d'asile seront renvoyés dans leur pays d'arrivée.
Mais Paris et Berlin pourraient s'accorder sur un renforcement massif de Frontex, l'agence qui patrouille les côtes européennes, sur la création de centres de tri en Afrique et sur l'harmonisation du droit d'asile.
La chancelière dit aussi vouloir nouer des accords bilatéraux de reconduite des migrants avec les pays d'arrivée, l'Italie ou encore la Grèce.
- "Accord substantiel" -
La réforme de la zone euro et sa mesure phare, la création d'un budget autonome lui donnant une capacité d'investir, grande ambition du président français, devrait également faire l'objet d'un compromis mardi avec Berlin.
Paris a dit lundi espérer un accord "qui doit être substantiel" dans ce domaine.
Il s'annonce pourtant modeste face aux attentes françaises. Angela Merkel a déjà averti qu'elle accepterait un budget de seulement quelques dizaines de milliards d'euros, quand la France plaidait pour plusieurs centaines de milliards.
La chancelière est tiraillée entre son aile droite, qui redoute de voir l'Allemagne payer pour les pays trop dépensiers d'Europe du Sud, et son aile gauche, les sociaux-démocrates, qui lui demandent de ne plus faire preuve d'"avarice" et de soutenir les positions françaises.
Les deux pays devraient plus modestement s'accorder aussi sur une base commune pour l'impôt sur les sociétés.
Dernier sujet phare de la rencontre, le renforcement de l'Europe de la défense, alors que Donald Trump menace de moins financer l'Otan.
Angela Merkel s'est dite "favorable" à la proposition française d'une "initiative européenne d'intervention (IEI)", sorte d'état-major de crise commun regroupant une dizaine de pays et devant conduire à une force commune.
Paris espère conclure mardi un accord avec Berlin pour mettre le projet sur les rails dès juin.
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