La sortie de l'UE est prévue en mars prochain et le gouvernement britannique doit d'ici là boucler de délicates négociations avec l'Union européenne sur ses conditions, avec un Parlement qui veut avoir son mot à dire sur l'accord final.
Cette semaine, la cheffe du gouvernement a réussi à étouffer une rébellion dans les rangs conservateurs en convaincant les députés Tory pro UE de suivre la ligne gouvernementale.
Ces députés ont ainsi rejeté un amendement qui aurait donné au parlement un droit de veto sur le résultat des négociations avec Bruxelles en échange d'une promesse de Theresa May qu'ils auraient quand même leur mot à dire.
Mais l'amendement de compromis proposé par le gouvernement après ce vote a provoqué la colère des députés europhiles.
Le chef des rebelles, Dominic Grieve, l'a jugé "inacceptable". "Cela nie totalement l'objet de l'amendement, qui était de donner la parole aux députés", a-t-il déclaré, accusant Theresa May d'avoir renié sa promesse.
Dimanche, la Première ministre a justifié sa position, expliquant à la BBC qu'elle avait entendu les préoccupations des députés mais que le Parlement "ne pouvait pas lier les mains du gouvernement dans les négociations" ni "contrer la volonté du peuple britannique, de quitter l'UE".
Des déclarations qui vont dans le sens des conservateurs partisans d'une rupture franche avec l'UE, qui accusent les europhiles de vouloir dicter au gouvernement la marche à suivre et de chercher, in fine, à s'opposer au processus du Brexit ou à le diluer.
"Voeux pieux"
Pour convaincre des bienfaits du Brexit, Theresa May a annoncé dimanche une hausse du budget du service public de santé, le NHS, financée en partie grâce aux économies qu'elle compte réaliser avec la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
L'un des arguments clefs des partisans du Brexit pendant la campagne du référendum de 2016 sur la sortie de l'UE était que l'argent économisé en quittant l'UE permettrait de renflouer les caisses du NHS, plongé dans une crise liée à son manque de moyens.
L'opposition a immédiatement dénoncé un financement basé sur des "voeux pieux".
Theresa May continue ainsi à se débattre sur la scène intérieure, peinant à resserrer les rangs conservateurs et à affirmer son autorité, régulièrement défiée par son ministre des Affaires étrangère, Boris Johnson, fervent partisan du Brexit.
Celui-ci a ainsi récemment estimé que Londres manquait de "courage" dans les négociations avec Bruxelles et que Donald Trump ferait mieux. Le ministre a également qualifié Bruxelles "d'ennemi" à "combattre", des propos tenus lors d'un dîner censé rester confidentiel.
"Nous ne nous laisserons pas impressionner" a rétorqué Michel Barnier, négociateur en chef de l'UE pour le Brexit.
M. Barnier continue de demander plus de "réalisme" au Royaume-Uni, avec lequel les négociations sur sa sortie de l'UE piétinent, alors qu'il reste peu de temps, les points de litige devant être réglés d'ici l'automne pour que l'accord de retrait puisse être ratifié, par le Parlement européen notamment, d'ici à la date prévue du Brexit.
La question irlandaise - le Brexit menaçant de recréer une frontière entre le nord rattaché au Royaume-Uni et le sud membre de l'UE - est loin d'être réglée, les récentes propositions de Londres n'ayant pas convaincu Bruxelles.
Bruxelles et Londres s'écharpent aussi sur le projet européen Galileo, qui doit permettre à l'UE de développer un programme de navigation par satellite. Le Royaume-Uni a contribué à ce projet mais Bruxelles veut l'en exclure, après le Brexit, mettant en avant des considérations sécuritaires, à la fureur de Londres.
Quant à leur future relation, Theresa May tente de concilier l'engagement de maintenir de bonnes relations commerciales avec l'UE avec celui d'une véritable séparation permettant au Royaume-Uni de conclure ses propres accords commerciaux bilatéraux à l'avenir, véritable quadrature du cercle.
"Les négociations continuent", a déclaré dimanche la cheffe du gouvernement, martelant sa conviction qu' "un avenir brillant attend le Royaume-Uni après sa sortie de l'UE".
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