"Après consultation de l'équipe dirigeante, Laurent Wauquiez, président des Républicains, nomme Jean Leonetti, maire d'Antibes et président du Conseil national, vice-président délégué des Républicains", a indiqué le parti dans un communiqué laconique publié dimanche soir, et qui ne mentionne pas le nom de Mme Calmels.
"La dérive continue dans le jeu personnel n'était plus acceptable. Quand on est membre de l'équipe dirigeante, on ne peut pas tirer chaque jour contre son camp, surtout à un moment où chacun mouille sa chemise pour reconstruire la famille", a fait valoir dimanche soir une source dans l'entourage de M. Wauquiez.
Cette décision met un terme à deux semaines de conflit ouvert entre le patron des Républicains, élu en décembre, et sa N.2 qui l'avait rejointe lors de sa campagne interne.
Première adjointe d'Alain Juppé à Bordeaux, représentante de la sensibilité libérale au sein de LR, Virginie Calmels avait publiquement critiqué un tract intitulé "Pour que la France reste la France", distribué le week-end dernier lors d'une opération de mobilisation. Mme Calmels avait jugé ce tract "anxiogène" et évoqué un "dysfonctionnement" dans la prise de décision au sommet du parti.
L'ancienne directrice générale d'Endemol Monde, dont la carrière politique a débuté en 2014 à Bordeaux aux côtés d'Alain Juppé, avait réitéré ses critiques mardi lors d'une réunion de direction houleuse.
Elle avait enfoncé le clou dans un entretien accordé au Parisien dimanche. Depuis son élection, avait-elle jugé, M. Wauquiez "démontre au fur et à mesure des jours qui passent qu'il semble uniquement là pour défendre sa propre ligne". "Il estime qu'il doit son élection qu'à sa seule présence, je ne partage pas cette vision".
"J'ai cru avec sincérité à sa volonté de rassemblement et j'ai soutenu ses propositions, car je suis pour un régalien fort". "Mais je ne suis pas non plus un clone, je ne suis pas dénaturable", lançait-elle.
Cet épisode constitue une nouvelle crise pour M. Wauquiez, qui avait déjà défrayé la chronique avec la diffusion en février par TMC d'un cours donné à des étudiants lyonnais, enregistré à son insu, dans lequel on l'entendait adresser de sévères critiques à de nombreux acteurs de la vie politique, à commencer par Nicolas Sarkozy.
Prise de décision solitaire
Sous couvert d'anonymat, plusieurs membres du parti, y compris au sein de la direction qu'il a lui-même installée, critiquent une prise de décision jugée solitaire de M. Wauquiez et sa présence trop parcimonieuse dans les médias.
Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes avait notamment appelé à la démission du ministre ex-LR Gérald Darmanin, alors mis en cause dans des enquêtes pour viol, sans être suivi par de nombreux responsables de son parti.
Accusé par ailleurs de reprendre les thèmes du Rassemblement national (ex-FN), M. Wauquiez, dont la cote de popularité ne cesse de s'effriter dans les sondages, a plusieurs fois affirmé qu'il n'entendait pas dévier de sa ligne.
Au sein de LR, il doit également compter avec la concurrence de Valérie Pécresse. La présidente de l'Ile-de-France a créé son propre mouvement, "Libres!", devenu associé à LR au mois de janvier.
Mme Pécresse, qui critique régulièrement une "droite des décibels" à laquelle elle oppose une "droite des solutions", présentera lundi matin ses propositions sur l'Europe, thème au centre du prochain Conseil national des Républicains le 30 juin à Menton (Alpes-Maritimes).
Ancien ministre délégué aux Affaires européennes, actuel maire d'Antibes (Alpes-Maritimes), Jean Leonetti est nommé vice-président délégué, le titre que détenait Mme Calmels. Après l'élection de M. Wauquiez, M. Leonetti était devenu président du Conseil national, sorte de parlement du parti. Il préside également le Conseil des sensibilités, instance récemment créé par LR.
Son nom circule pour la tête de liste LR aux élections européennes de 2019, alors qu'un nombre grandissant de responsables, dont Nicolas Sarkozy, plaident pour que M. Wauquiez conduise lui-même la liste.
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