"Ils sont assez heureux d'être arrivés à bon port, enthousiastes et remplis d'espoir même s'ils semblent fatigués. Mais le premier (sentiment) l'emporte sur le deuxième", raconte à l'AFP Carmen Moreno.
Bénévole de la Croix-Rouge, comme environ mille autres personnes présentes dimanche dans le port de Valence, cette médecin aux long cheveux clairs d'une trentaine d'années est venue d'Andalousie (sud) pour l'arrivée de ces migrants sauvés au large de la Libye mais à qui l'Italie et Malte ont refusé d'ouvrir leurs ports.
Dès 02H30 du matin, les bénévoles étaient déjà en position en attendant l'entrée dans le port des trois bateaux transportant les migrants, dont le premier a accosté vers 06H30 (04H30 GMT) après un voyage éprouvant de 1.500 kilomètres.
Des dizaines de véhicules de police, d'ambulances, de la Croix-Rouge, d'autobus pour transporter les migrants étaient déployés sur le quai où s'amarrent habituellement des ferries. Dans une zone interdite à la presse et aux curieux afin de préserver l'intimité des passagers de l'Aquarius.
Carmen Moreno était elle chargée de recevoir sur le quai les migrants afin de les accompagner sur deux circuits, explique-t-elle, alors qu'elle mange rapidement entre l'arrivée du premier navire, le Dattilo, et du deuxième, l'Aquarius.
Un "circuit vert" pour les personnes en bonne santé, envoyées directement à un entretien avec la police pour s'identifier avant de partir en bus vers un foyer.
Et un "rouge" réservé aux enfants, aux femmes enceintes ou aux personnes nécessitant des soins et acheminées parfois vers un hôpital avant de partir aussi vers un centre d'hébergement.
Des chaussures et de l'eau
Dans le Dattilo, navire des garde-côtes italiens, "l'état de santé était bon en général", se félicite Carmen Moreno, qui a donné aux migrants des kits avec des habits, une serviette, des produits d'hygiène, un peigne, une brosse à dents.... et la plupart du temps aussi des chaussures.
"Ils arrivent sans chaussures et sans chaussettes. Et ils en ont besoin car le chemin est long du bateau aux tentes" où sont réalisés les entretiens, dit-elle. Ainsi que de l'eau car même si le premier bateau est arrivé à l'aube, les débarquements se sont poursuivis sous un soleil de plus en plus fort.
Jeune femme habitant Valence, Hanan El Ayadi a elle amené les migrants aux autobus les transportant vers des foyers provisoires.
"Ils nous parlent et nous racontent leurs expériences", indique-t-elle, en évoquant notamment un enfant soudanais qui lui a parlé de foot. "Il m'a dit qu'il connaissait toute l'équipe d'Arsenal", souligne-t-elle.
En plus de l'aide de près de 500 interprètes pour se faire comprendre, les migrants ont aussi reçu celle de religieux. "Je me suis rapproché d'un jeune qui me montrait la croix", raconte le frère Pascal, venu avec d'autres moines dominicains du monastère de Navalón, situé à environ 70 kilomètres au sud de Valence.
Cet adolescent érythréen lui a confié qu'il avait survécu deux ans en Libye grâce à l'aide d'un ami avant qu'ils n'embarquent tous deux pour l'Europe et ne soient secourus par l'Aquarius.
Fatigués eux aussi mais satisfaits, les volontaires savent toutefois que leur travail n'a fait que commencer dimanche. "Rien n'est fini. Les migrants vont aller dans les centres d'hébergement temporaires et on continue à travailler avec eux. Viendra ensuite l'aide sociale et pour les demandes d'asile", conclut Carmen Moreno.
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