Les deux parties ont suspendu leurs discussions samedi soir, en annonçant qu'elles les reprendraient lundi. Elles devraient alors examiner une proposition formulée par l'Eglise catholique - qui joue dans cette crise le rôle de médiateur - prévoyant d'organiser des élections générales anticipées en mars 2019, soit deux ans avant l'échéance prévue.
Les évêques proposent également une réforme constitutionnelle qui entrerait en vigueur dès cette année et qui empêcherait le chef de l'Etat de briguer un nouveau mandat.
L'opposition exige depuis deux mois le départ du président Daniel Ortega, 72 ans, "héros" de la révolution sandiniste qui a dirigé le pays de 1979 à 1990 après avoir évincé le dictateur Anastasio Somoza, et qui est revenu au pouvoir depuis 2007.
Le chef de l'Etat s'est dit prêt à travailler à une démocratisation du pays, mais n'a pas dit s'il consentirait à écourté son mandat, valable théoriquement jusqu'en janvier 2022. "Nous réitérons notre volonté totale d'écouter toutes les propositions entrant dans un cadre institutionnel et constitutionnel", a-t-il seulement commenté.
Six des nouvelles victimes tuées samedi sont des membres d'une même famille dont le domicile a été incendié par un groupe d'hommes encagoulés qui ont lancé un cocktail molotov. Une femme et un enfant ont survécu au sinistre mais ont été grièvement blessés en se jetant dans le vide depuis un balcon.
Le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a dénoncé sur Twitter un "crime contre l'humanité qui ne peut rester impuni".
Ce drame a été condamné aussi bien par l'opposition que par le gouvernement, qui s'en sont rejeté mutuellement la responsabilité au moment où leurs représentants renouaient les fils d'un fragile dialogue.
Les deux autres victimes décédées samedi ont été attaquées alors qu'elles dégageaient une barricade dressée sur une route, a indiqué la police dans un communiqué.
Ces nouveaux incidents violents surviennent alors que le gouvernement et l'opposition avaient trouvé vendredi un accord autorisant des observateurs des droits de l'homme à venir enquêter sur les violences.
Couvre-feu virtuel
Les représentants de l'opposition avaient de leur côté accepté une demande clef du pouvoir du président Ortega : un plan visant à lever les blocages qui entravent les routes pour empêcher les forces anti-émeutes de passer, selon la conférence épiscopale, médiateur dans le conflit.
Pour le sociologue et analyste indépendant Oscar René Vargas, le président Ortega essaie "de gagner du temps" et de changer le rapport de force en sa faveur, via une répression accrue. Selon lui, le chef de l'Etat ne claquera pas la porte des pourparlers, mais poussera l'opposition à en partir et à ne pas respecter les accords qui pourraient en sortir.
Interrogé par l'AFP, l'écrivain nicaraguyen Sergio Ramirez - lauréat l'an dernier du prix Cervantès, la plus prestigieuse récompense littéraire du monde hispanophone -, a également fait part de son pessimisme.
Une solution à la crise semble pour l'heure "confuse et très improbable", a estimé l'écrivain, qui fut aussi vice-président du pays pendant les cinq dernières années du gouvernement sandiniste (1979-1990). "J'entends peu de volonté du gouvernement, dans le cadre des pourparlers, à reconnaître ou au moins à faire un acte de contrition pour ses crimes, et à chercher une solution", a-t-il ajouté.
Le Nicaragua, payé le plus pauvre d'Amérique centrale, a basculé dans le chaos après la répression le 18 avril des manifestations contre l'insécurité sociale.
Sur plus des deux tiers des routes du pays, des opposants ont dressé des barricades, parfois faites de pavés ou de tronc d'arbres, afin d'empêcher le passage des forces anti-émeutes et autres groupes paramilitaires. Ces barrages routiers perturbent la livraison de marchandises, minent le commerce régional, et ont contraint à un arrêt forcé des centaines de camions en transit à travers le pays.
Certaines villes comme Masaya, près de la capitale, ont fermé tous leurs accès, espérant ainsi se prémunir des meurtres, saccages et incendies de magasins. Une sorte de couvre-feu virtuel s'est parfois mis en place, de nombreux habitants préférant s'enfermer chez eux dès le début de soirée, pour se mettre à l'abri.
Si la crise se prolonge, l'ardoise pour le pays pourrait dépasser les 900 millions de dollars, selon la Fondation nicaraguayenne pour le développement social et économique (Funides), qui calcule que le Nicaragua pourrait perdre jusqu'à 150.000 emplois d'ici la fin de l'année.
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