Dès les premières heures, les grandes galeries avaient déjà scellé leurs premières ventes lors de cet événement qui marque un temps fort dans l'année pour les collectionneurs, marchands d'art, investisseurs et artistes qui affluent chaque année en juin vers la cité suisse de Bâle pour y faire affaires.
Alors que les V.I.P arrivaient tout juste pour les premiers cocktails, la galerie américaine Pace avait déjà vendu un portrait de l'actrice américaine Judy Garland par le grand maître du Pop Art Andy Warhol, pour un montant resté confidentiel, avant d'enchaîner le lendemain sur la vente d'une pièce de l'artiste canado-américaine Agnes Martin pour 3 millions de dollars (2,5 millions d'euros).
Mardi, la galerie zurichoise Hauser & Wirth signait, elle, la première vente à huit chiffres, avec une toile de l'artiste américaine Joan Mitchell vendue 14 millions de dollars.
"C'est encore une très belle édition. Les gens ont l'air plutôt content d'un point de vue marchand", a jugé Sylvie Gleises, directrice générale d'AXA Art Europe, une filiale du géant français de l'assurance, qui livrait ses premières impressions sur la foire lors d'un entretien avec l'AFP.
Lors de cette 49ème édition, elle a notamment relevé une présence plus marquée de l'art numérique, la question - encore ouverte - étant de savoir comment les galeries vont parvenir à le vendre.
"Mais on sent un bouillonnement, avec une nouvelle forme d'art qui va devoir trouver sa place sur le marché", a-t-elle noté.
Le marché de l'art est difficile à évaluer, mais selon un rapport réalisé par le professeur Clare McAndrew avec la banque suisse UBS et les organisateurs de la foire, il pesait quelque 63,7 milliards de dollars (54,8 milliards d'euros) en 2017.
Selon ses estimations, il a ainsi connu un rebond de 12% par rapport à l'année précédente, principalement grâce à une poignée d'enchères exceptionnelles, dont une toile de Léonard de Vinci, "Salvator Mundi", qui a établi un nouveau record, à 450 millions de dollars.
Accalmie sur les jeunes artistes
Ces gros chiffres masquent cependant de fortes disparités, notait ce rapport, aussi bien entre les maisons d'enchères que les galeries, entre les grandes galeries et celles plus petites qui peinent à couvrir leurs frais ou encore entre les différents courants artistiques.
"Ce que l'on voit du point de vue de l'assurance, c'est que les collectionneurs particuliers continuent d'acheter mais il n'y pas non plus de véritable explosion des montants assurés", a constaté la directrice d'Axa Art Europe, insistant sur le fait que ces enchères exceptionnelles ne reflètent pas la tendance du marché dans son ensemble.
Si les ventes aux enchères décollent, "la frénésie autour des jeunes artistes a quelque peu diminué", a pour sa part reconnu Marc Spiegler, le directeur d'Art Basel, lors d'un entretien avec l'AFP.
L'art contemporain classique et moderne se situe en revanche à des niveaux très élevés mais relativement stables, a pointé Mathias Rastorfer, le directeur de la galerie Gmurzynska, qui proposait à Bâle des oeuvres du surréaliste chilien Roberto Matta et du français Marcel Duchamp.
"Il n'y a pas de ruée, de course pour tout acheter dans la première heure. Les choix sont intelligents et sélectifs. Et avec cela nous avons un marché de l'art plus sain", a jugé le patron de cette prestigieuse galerie zurichoise, satisfait de cette édition.
Après s'être effondré en 2009 avec la crise financière, le marché de l'art était reparti de plus belle avant de replier à nouveau en 2015 et 2016.
"Ce que nous observons, c'est une reprise, avec une croissance soutenue. Mais le marché n'est pas dans une phase de surchauffe", a expliqué à l'AFP Nicolas Kaddeche, responsable du marché de l'art chez Hiscox, un assureur spécialisé dans les objets de collections.
La foire de l'Art de Bâle a ouvert ses portes aux collectionneurs lundi après-midi avant d'accueillir un plus large public de jeudi à dimanche.
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