Sauf coup de théâtre majeur, le gouvernement de M. Tsipras, qui dispose d'une majorité de 154 voix sur 300, doit sortir indemne du vote, prévu à partir de 11H00 GMT.
Mais il n'en est pas de même du climat politique, qui s'est tendu des deux côtes de la frontière après l'annonce mardi de l'accord, prévoyant que l'actuelle "Ex-République yougoslave de Macédoine" soit baptisée "Macédoine du Nord".
Une manifestation devant le Parlement est prévue dans la soirée, à l'appel du "Comité de lutte pour la grécité de la Macédoine". Cette nébuleuse de personnalités espère rééditer les grands rassemblements tenus à trois reprises à Athènes et en Grèce du nord depuis la relance des négociations cet hiver.
Le lancement de leur mobilisation vendredi matin n'a toutefois réuni que quelques centaines de personnes, dont des députés du parti néonazi Aube Dorée.
L'un d'eux, Constantin Barbaroussis, fait l'objet d'une procédure judiciaire pour avoir déclaré, devant le Parlement, que l'armée devrait interpeller les plus hauts responsables de l'Etat, coupables à ses yeux de "trahison".
'Recul' ou 'patriotisme'?
A l'origine de la motion de censure contre le gouvernement Tsipras, le grand parti conservateur de la Nouvelle-Démocratie considère que le règlement constitue un "recul national".
"Nous ne diviserons pas les Grecs pour unir les (Macédoniens)", a lancé son chef, Kyriakos Mitsotakis devant le Parlement. Devançant M. Tsipras dans les sondages, il entend selon les analystes capitaliser la colère des franges nationalistes de l'électorat.
M. Tsipras a lui salué une occasion d'"éclaircir les responsabilités de chacun envers l'Histoire", défendant le caractère "patriotique" de la solution trouvée.
L'accord vise à sceller le renoncement des voisins aux visées que leur imputent les Grecs sur la province grecque de Macédoine, ainsi qu'à leur appropriation du legs de la Macédoine antique, incarnée par Alexandre le Grand.
Cette querelle politico-historique restait irrésolue depuis l'indépendance en 1991 du petit État, bloquant son ancrage dans l'UE et l'OTAN, un verrou grec qui doit sauter.
Au pouvoir de 2004 à 2009, la ND avait alors acté la nécessité d'un compromis avec le partage du nom de "Macédoine". Mais pour elle, le gouvernement Tsipras a fait trop de concessions dans ce dossier, avec "l'acceptation d'une langue et d'une nationalité macédoniennes", forgées de fait chez les voisins depuis un demi-siècle.
Signature prévue dimanche
Elle dénie aussi toute légitimité à M. Tsipras pour engager le pays, au vu des divisions au sein de son gouvernement - son allié souverainiste, le ministre de la Défense Panos Kammenos, est en effet opposé à tout partage du nom.
L'argument est également repris par le reste de l'opposition, qui devrait voter la défiance par principe, même si la majorité de ses dirigeants de centre-gauche ont salué l'accord.
Les neuf députés souverainistes qui complètent la majorité de M. Tsipras devraient logiquement rejeter la motion de censure. Pour autant, ils n'auront pas à se prononcer sur l'accord lui-même.
Le texte ne doit en effet être soumis à ratification en Grèce que fin 2018 - M. Tsipras pourra alors compter sur un renfort centriste.
D'ici là, la partie macédonienne s'est engagée à ratifier l'accord, le faire approuver par référendum et l'acter par une révision constitutionnelle.
Pour engager toute cette procédure, l'accord doit être officiellement signé dimanche matin, lors d'une cérémonie réunissant les deux gouvernements sur les rives du lac frontalier de Prespes.
Les médias grecs tablaient aussi sur la présence de responsables européens, après le déluge de félicitations de l'UE, de l'Otan et de l'ONU que le règlement a valu aux deux capitales.
Mais côté macédonien, l'issue finale du règlement apparaît loin d'être acquise, car la droite nationaliste macédonienne, elle aussi remontée à bloc, se dit déterminée à le faire trébucher.
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