La France, sous menace constante depuis 2015, a été frappée deux fois cette année au cours d'attaques qui ont fait cinq morts. Cette vague d'attentats a fait 246 victimes en plus de trois ans, dont la dernière a succombé à une attaque au couteau dans le quartier de l'Opéra à Paris le 12 mai.
A la même époque, un homme "converti et radicalisé" de 38 ans a été arrêté à Châteauroux, dans l'Indre.
"Un engin improvisé a été découvert le 13 mai chez cet individu qui a reconnu avoir voulu en faire usage contre un club libertin", a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
L'homme, né en 1980 dans le Loiret, a été mis en examen et écroué le 17 mai pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et "préparation individuelle à la commission d'un acte de terrorisme", a précisé une source judiciaire.
Dans une autre affaire, deux jeunes hommes inconnus des services de renseignements ont été arrêtés le samedi 9 juin en Seine-et-Marne: ils sont soupçonnés d'avoir préparé une attaque au nom du groupe Etat islamique (EI), potentiellement contre des homosexuels.
Agés de 21 et 22 ans et décrits comme des "amis très déterminés", ils ont été interpellés à leur domicile de Montereau-Fault-Yonne et Champagne-sur-Seine, dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte trois jours plus tôt par le parquet de Paris, ont révélé à l'AFP des sources judiciaire et proches de l'enquête.
Mardi, les deux suspects ont été mis en examen par un juge d'instruction antiterroriste pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et écroués.
"Des couteaux, un dispositif de mise à feu et de la propagande du groupe jihadiste ont été retrouvés en perquisition" après leur arrestation par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) appuyée par le Raid, selon les sources proches de l'enquête.
"Des éléments laissent penser qu'ils envisageaient de s'en prendre à des homosexuels", ont indiqué ces sources, mais les contours de leur projet restent mal définis à ce jour.
Des vidéos de propagande de l'EI ont été retrouvées dans leur appareils électroniques, mais aucune preuve de contact direct avec l'organisation jihadiste ou de forme d'allégeance n'ont été mises au jour.
Les deux complices avaient évoqué, "à plusieurs reprises, un projet d'attentat dans leurs échanges", a affirmé une de ces sources.
"Ils ne parlaient pas explicitement d'un attentat mais l'un d'eux évoquait la recherche d'une arme", a précisé une autre source.
"La DGSI avait détecté sur les réseaux sociaux l'activité d'un compte évoluant dans la sphère radicale islamiste", a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans un communiqué, en saluant ces "interpellations préventives".
Menace "endogène"
Quelques jours après l'attentat près de l'Opéra, le ministre avait lui-même révélé un autre projet déjoué, celui d'un Egyptien, lui aussi inconnu des services et qui envisageait une attaque à l'explosif ou au poison.
En janvier, un homme avait été interpellé dans le Gard et un autre projet visant un grand équipement sportif dans l'Ouest avait été arrêté à la même époque.
Le Premier ministre Edouard Philippe avait évoqué en mars un total de 51 attentats déjoués depuis le début, en janvier 2015, de la vague d'attentats jihadistes sans précédent qui a frappé la France.
Le profil des deux complices de Seine-et-Marne - ni islamistes sortis de prison ni "revenants" de la zone de combats en Irak et en Syrie - illustre la mutation du risque jihadiste en France.
Depuis 2017, les autorités politiques et judiciaires soulignent régulièrement les dangers de cette menace "endogène", incarnée par des personnes se radicalisant elles-mêmes sur son sol en réponse aux mots d'ordre de l'EI sur internet.
Ces passages à l'acte de sympathisants, qui visent principalement les forces de l'ordre, s'expliquent en partie par le tarissement des filières de départ pour le jihad au Moyen-Orient et par la déroute militaire de l'EI dans ses anciens territoires d'Irak et de Syrie.
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